Murielle Bolle, l’autre victime de l’affaire Grégory?



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Granges-sur-Vologne (Vosges), le 21 juin 2017. Murielle Bolle chez elle avant son interpellation. — PATRICK HERTZOG / AFP
  • Murielle Bolle avait accusé Bernard Laroche avant de se rétracter en 1984.
  • L’an dernier, elle a été mise en examen pour complicité d’enlèvement du garçonnet.
  • Elle publie « Briser le silence », un livre dans lequel elle se pose en victime.

Les bons souvenirs sont aussi simples que rares. Il y a la soupe « riz, poireaux, patates et crème » de sa mère. Les matchs de foot avec Lulu, son frère, qui lui écorchaient les genoux. Les parties de petits chevaux avec ses neveux. Et les chansons de Johnny chantées à tue-tête, seule dans sa chambre vosgienne. « Ma gueule, surtout… »
Murielle Bolle a choisi celle de ses 15 ans pour orner la couverture de Briser le silence, le livre* qu’elle publie, ce jeudi, 34 ans après le début de
l’affaire Grégory.

Rouquine un peu bouffie, on la découvre les yeux rougis par les larmes. Pareille à celle qui est apparue à la France entière, le 7 novembre 1984, au journal télévisé d’Antenne 2. « Je suis pas montée dans la voiture à Bernard (…). Je suis jamais allée sur Lépanges là où le gosse a été tué. Bernard, il a rien fait de mal », disait-elle alors.

La voiture de Bernard contre l’autocar scolaire

Plus de trois décennies après, les trois phrases de l’adolescente d’alors remplissent un livre de 265 pages. Il était temps que les « gens sachent » et que l’on « apprenne enfin la vérité », résume celle qui a aujourd’hui 48 ans.

Le vœu est pieux. Mais Murielle Bolle est athée. Son objectif inatteignable. Car sa « vérité » est, en fait, connue depuis le début de cette affaire tragique. Devant les gendarmes, elle a laissé entendre que son beau-frère, Bernard Laroche, avait enlevé le « gosse ». Qu’elle était dans sa voiture avec lui au moment des faits. Et puis, elle s’est rétractée, indiquant qu’elle avait avoué sous la pression. Et qu’en fait, elle était rentrée de l’école en autocar…

Son compagnon la quitte quand elle part en prison

Le livre nous apprend que l’adolescente avait cours de pâtisserie au collège ce jour-là. Qu’elle aimait d’ailleurs les « beignets de carnaval ». Que la voiture de son beau-frère était « grise » et non pas « verte », comme l’ont rapporté les journaux. Et qu’il faisait déjà glacial pour la saison. Sur le reste – sur le plus important – il n’y a rien. Pas un mot.

Celle qu’on surnommait « Bouboule » en 1984 n’aurait sans doute jamais écrit ce livre si elle n’avait pas à nouveau été placée en garde à vue en 2017. Mise en examen pour « complicité d’enlèvement de mineur de quinze ans ayant entraîné la mort », elle pbade alors plusieurs semaines en détention provisoire. Yannick, l’homme qui partage sa vie depuis une quinzaine d’années ne le supporte pas et finit par la quitter, mettant en doute sa parole.

Murielle Bolle ne le dit pas. Mais, entre les lignes, on comprend que cette « trahison » a été à l’origine du livre. Qu’elle a ressenti le besoin de la coucher sur papier pour pouvoir la supporter. Ne dit-elle pas dans le chapitre suivant qu’elle « envie » le juge Lambert de s’être suicidé ? Qu’elle ferait comme lui si elle n’avait pas d’enfants ?

Affaire #Grégory: “Tout cela m’affecte évidemment…” Quand le juge #Lambert se confiait à @20Minutes avant sa mort.https://t.co/zeEKNu42Tc

— Vincent Vantighem (@vvantighem) July 12, 2017

Son père, son prof, les journalistes et les gendarmes

Mais Murielle Bolle a une petite-fille qui lui donne de la force. Et lui offre finalement l’opportunité de régler ses comptes, noir sur blanc, avec tous ceux qui lui ont pourri la vie. Les gendarmes d’abord, présentés dans le livre comme des bourreaux d’enfants. Les journalistes, bien sûr, « rapaces » osant placer des micros jusque dans la chambre à coucher de ses parents. Son père, tellement porté sur la bouteille qu’il en a oublié de relire le procès-verbal dans lequel elle chargeait Bernard Laroche avant de le signer. Et même son professeur de sport qui l’a poussée dans la piscine habillée en clbade de 3e.

Autant d’exemples destinés à faire comprendre à l’opinion publique qu’elle n’est, elle aussi, qu’une victime de toute cette affaire. Pour la croire vraiment, il faudrait découvrir ce qui est vraiment arrivé au petit Grégory. Le seul problème, comme le dit Murielle Bolle elle-même dans son livre, c’est que « dans les Vosges, on ne parle pas volontiers des choses difficiles… »

* Briser le silence. De Murielle Bolle, avec la collaboration de Pauline Guéna.
Aux éditions Michel Lafon. 265 pages. 18,95 euros.



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