Macron crée la polémique en justifiant l’hommage à Pétain



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LE SCAN POLITIQUE – Au quatrième jour de son «itinérance mémorielle», le président a balayé les critiques sur la cérémonie dédiée aux chefs militaires qui aura lieu samedi aux Invalides. Selon lui, Pétain a été «pendant la Première guerre mondiale un grand soldat», même s’il a «conduit des choix funestes» par la suite.

De notre envoyé spécial à Charleville-Mézières (Ardennes)

«J’ai toujours regardé l’Histoire de notre pays en face». En déplacement à Charleville-Mézières (Ardennes) pour le quatrième jour de son «itinérance mémorielle», Emmanuel Macron s’est expliqué sur l’hommage qui sera rendu aux chefs militaires, dont le maréchal Pétain, samedi aux Invalides. «Il est tout à fait légitime que nous rendions hommage aux maréchaux, qui ont (eux) aussi conduit l’armée à la victoire. Et cet hommage (sera) rendu, comme il l’est d’ailleurs chaque année par l’armée française», a d’abord souligné le président.

Alors qu’il sera à Compiègne (Oise) samedi, le jour de la cérémonie, Emmanuel Macron a confirmé qu’il serait représenté aux Invalides par son chef d’état major particulier. «Je ne fais aucun raccourci mais je n’occulte aucune page de l’Histoire. Et le maréchal Pétain a été, pendant la Première Guerre mondiale, aussi un grand soldat. Voilà. C’est une réalité de notre pays», a-t-il commenté. Il a ensuite repris un argumentaire qui lui est cher pour justifier cette sortie, expliquant que «la vie politique, comme l’humaine nature, sont parfois plus complexes que ce qu’on voudrait croire».

«Je me suis toujours opposé au défaitisme français»

Gaulliste convaincu et revendiqué, Emmanuel Macron a affirmé qu’«on peut avoir été un grand soldat à la Première Guerre mondiale, et avoir conduit à des choix funestes durant la Deuxième». «Mon rôle n’est pas de comprendre que ça choque ou de commenter les gens, mon rôle est d’essayer d’expliquer et de porter des convictions», s’est-il défendu. «Je reconnais la part que les maréchaux ont joué et que notre armée a joué dans la victoire française», a-t-il ajouté, alors que plusieurs voix se sont élevées pour critiquer la faible dimension militaire des commémorations du Centenaire de l’Armistice.

«Nous sommes en train de célébrer le Centenaire. Le Centenaire de la victoire. Et de la paix. La victoire d’une nation combattante – c’est pour ça que j’ai voulu que les Poilus et “ceux de 14” rentrent au Panthéon. Mais c’est aussi la victoire d’une armée française et de ses maréchaux. Et donc il est normal de les célébrer, et de permettre à l’armée française de le faire», a-t-il martelé. Avant de conclure: «Je me suis toujours opposé au défaitisme français lorsqu’il a pu exister, ou à la complaisance avec toute idéologie. Vous ne pouvez pas me reprocher à moi d’avoir été ambigu sur ce point, j’ai toujours été absolu dans ce combat».

François Hollande s’indigne

L’hommage d’Emmanuel Macron à l’action militaire de Pétain pendant la Première Guerre a suscité plusieurs réactions indignées. À commencer par celle de l’ancien président de la République François Hollande: «L’Histoire n’isole pas une étape, même glorieuse d’un parcours militaire. Elle juge l’immense et indigne responsabilité d’un maréchal qui a délibérément couvert de son nom et de son prestige, la trahison, la collaboration et la déportation de milliers de juifs de France» a-t-il déclaré sur Twitter.

Plus tôt dans la journée, le président du Crif Francis Kalifat s’était également idigné de la prise de position d’Emmanuel Macron: «La seule chose que je veux retenir de Pétain c’est qu’en 1945 il a été frappé d’indignité nationale ce qui le rend inéligible à un quelconque hommage», a-t-il réagi, également sur Twitter.

A gauche, Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon ont immédiatement dénoncé les propos d’Emmanuel Macron.

«La volonté d’Emmanuel Macron de célébrer Petain aux Invalides est une insulte à la mémoire de nos héros français, citoyens, résistants et militaires,aux familles juives déportées de la seconde guerre mondiale», a pour sa part réagi le député PS Luc Carvounas.

Griveaux défend l’hommage, puis se rétracte

Le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, a d’abord dénoncé une «mauvaise polémique», appelant à ne pas faire de «raccourcis douteux». Avant de citer un phrase du Général de Gaulle sur Pétain selon lequel «sa gloire à Verdun ne saurait être contestée ni méconnue par la Patrie». À l’Assemblée nationale, et sans citer Philippe Pétain, Edouard Philippe a évoqué l’«exercice difficile, paradoxal» de «penser en même temps à ceux qui ont été glorieux et à ceux qui ensuite ne se sont pas montrés à la hauteur des enjeux de l’Histoire». Plus tard, Benjamin Grievaux a de nouveau réagit en postant un texte sur Facebook, badurant qu’«aucun hommage ne sera rendu à Pétain samedi, […], frappé d’indignité nationale pour avoir collaboré avec la barbarie nazie de façon odieuse et criminelle.».

En fin de journée, Emmanuel Macron a lui-même repris la parole pour justifier ses propos. «Le maréchal Pétain, quand il a dirigé la France pendant la Deuxième guerre mondiale, a été complice de crimes profonds qui ont été reconnus, et la responsabilité de l’État français a été reconnue. Je l’ai dit, j’ai été très clair sur ce point. (…) Je ne pardonne rien, mais je ne gomme rien de notre histoire», a déclaré le chef de l’État dans l’Aisne.



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