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C’est une plongée ultra-documentée au sein de La France insoumise. Deux journalistes viennent de publier “Mélenchon, aux portes du pouvoir” aux éditions First, une enquête de plusieurs mois sur le mouvement de l’ancien sénateur socialiste, arrivé en quatrième position à l’élection présidentielle. Loin de la communication officielle de la formation, ils racontent la prise de pouvoir de Jean-Luc Mélenchon et ses proches au sein de la nébuleuse insoumise, et les petites combines mises en place pendant la campagne pour se ménager de confortables rentrées d’argent. “Celui qui sans cesse attaque le système n’apprécie rien tant que l’exploiter à ses propres fins”, écrivent les deux auteurs, qui décrivent par le menu les opérations immobilières juteuses pratiquées par la direction de la France insoumise, et les factures salées adressées par les lieutenants mélenchonistes à la commission des comptes de campagne, notamment via “Alexis Corbière Communications”, la micro-entreprise du député de Montreuil, et Mediascop, la société de Sophia Chikirou, qui dirigeait la communication de “JLM” lors de la présidentielle. Au travers de cette investigation poussée, les journalistes dressent un état des lieux inquiétant de la France insoumise et de son leader, au moment où ce dernier ambitionne de prendre le pouvoir.
Copinage, surfacturation, montages immobiliers… Alors qu’une information judiciaire vient d’être ouverte sur les comptes de campagne de Jean-Luc Mélenchon pour “escroquerie” et “tentative d’escroquerie”, le livre décrit l’attention minutieuse avec laquelle les dirigeants de La France insoumise ont veillé à ce que tous frais les engagés dans le cadre de la campagne présidentielle – même les moins justifiés – soient adressés à la commission nationale des comptes de campagne. Comme cette facture de 6.000 euros de “relooking” réglée en 2016 à la société de l’une des petites mains de l’équipe du député européen. L’acquisition du siège du Parti de gauche en 2013, rue Doudeauville dans le 18e arrondissement de Paris, sous le régime d’une SCI détenue à 99% par la formation politique, apparaît directement pensée pour permettre quatre ans plus tard à cette petite société de facturer la location d’une partie du bâtiment à … l’équipe de campagne de Jean-Luc Mélenchon, au prix de 4.000 euros par mois. Lors de la présidentielle, ce sont les micro-entreprises insoumises qui fleurissent, comme “Alexis Corbière Communication”, qui fait payer au candidat plus de 14.350 euros pour diverses interventions télévisées ou “Perdereau Agence Conseil EvenementS”, la société du maire adjoint du Mans Patrice Perderau, qui facture 385 euros la journée. Les proches du leader de la gauche sont bien servis : 500 bouteilles de vin blanc estampillées LFI sont commandées auprès d’un “ancien camarade de lycée” de Jean-Luc Mélenchon, 100.000 pin’s de campagne à son ex-attachée de presse Hélène Magdo…
Une petite bande aux manettes de La France insoumise
Au sein de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon et ses proches règnent sans partage. “A l’exception de Manuel Bompard et de la communicante Sophia Chikirou, recrues plus récentes, il s’agit de la même petite bande qui entoure l’ex-rebelle du PS depuis près de vingt ans et qui l’a suivi dans toutes ses aventures politiques”, écrivent les deux journalistes : les “amoureux de la France insoumise” Raquel Garrido et Alexis Corbière, la co-responsable du programme de La France insoumise Charlotte Girard, l’homme des argumentaires Bastien Lachaud, l’ancien maire de Viry-Châtillon Gabriel Amard, deux transfuges du Parti de gauche Martine Billard et Eric Coquerel et la trésorière historique Marie-Pierre Oprandi. Les “pièces rapportées”, venues du Parti socialiste ou des écologistes, ne sont pas admises dans le cercle dirigeant et ne sont pas mises dans la confidence. Une “obsession du contrôle” qui ne souffre aucune contestation. “Avec lui ou contre lui, il n’y a pas de place pour la nuance”, expliquent les deux journalistes qui rapportent les cas de personnalités écartées du jour au lendemain parce qu’elles refusaient de suivre la ligne du lider maximo. “Avant de partir du PS, il m’avait invité dans son restaurant habituel du Xe arrondissement de Paris, se souvient une figure de la jeunesse socialiste. Il avait été très chaleureux à me dire que sa place était avec lui. J’ai décliné sa proposition et depuis il ne m’a plus adressé la parole.”
Le cas François Ruffin
A ce titre, la présence de François Ruffin dans le groupe parlementaire LFI n’est pas sans poser de problème au leader de la gauche. Ce franc-tireur, auteur du film à succès Merci Patron ! dans lequel il se joue du propriétaire de LVMH Bernard Arnault, est “à la fois un atout et un caillou dans la chaussure” du boss des insoumis, selon les auteurs. Le député de la Somme, qui a refusé de verser sa cagnotte parlementaire à la formation insoumise, n’hésite pas à s’exprimer hors des cadres établis par les mélenchonistes, avec son journal Fakir et son “Bulletin de Ruffin” sur Youtube. Pour tenter de contrôler, Mélenchon et ses proches ont arrêté ce qui pourrait s’apparenter à un début de stratégie anti-Ruffin en cherchant “à l’ancrer durablement à leur mouvement.” “Ils ont annihilé une partie de sa capacité de nuisance en faisant entrer son principal collaborateur au comité électoral de la France insoumise. En échange de son vote utile, Mathieu Bosque se serait vu promettre Abbeville, au coeur du fief de Ruffin, en vue des prochaines municipales”, expliquent les auteurs.
Simplification du discours
Les deux journalistes reviennent également sur la nouvelle stratégie du leader de la France insoumise développée après l’échec de sa candidature aux législatives à Hénin-Beaumont. De cette défaite humiliante, “Jean-Luc Mélenchon et son entourage ont déduit qu’il fallait en finir avec la rhétorique progressiste et humaniste qui était la leur pour parler directement au “peuple””, écrivent-ils. Une simplification du discours qui se double d’un abandon du décorum révolutionnaire qui accompagnait traditionellement les discours du patron de la gauche. “Désormais, on ne parle plus simplement aux prolétaires, mais aux 99% de gens qui ne font pas partie de l’oligarchie”, s’ouvre le jeune député du Nord Adrien Quatenens. Un nouveau modus operandi qui n’est pas sans créer des remous internes. “On a bien vu que la ligne évoluait. Il fallait simplifier à outrance notre message, au point de ne plus faire que des pictogrammes sur des tracts, pour être bien compris de tous. Certains d’entre nous n’étaient pas d’accord, estimant qu’il ne fallait pas prendre les gens pour des débiles”, regrette une ancienne élue du Front de gauche, interviewée par les deux auteurs.
Autre pbadage pbadionnant, celui évoquant l’entrisme insoumis au sein des lieux de pouvoir de la République. “Au Quai d’Orsay, à la Mairie de Paris mais aussi dans des postes plus sensibles à la Défense, à l’Intérieur ou dans de grandes entreprises parapubliques, ils sont plusieurs dizaines de “clandestins” à renseigner le candidat insoumis et agir en sous-main pour son compte”, expliquent les deux journalistes. Un réseau qui permet à Jean-Luc Mélenchon et ses ouailles de se montrer particulièrement réactif en cas de crise politique. Cet été, “ce commando souterrain bien représenté dans les cabinets ministériels a renseigné l’équipe La France insoumise sur les dessous de l’affaire Benalla. (…) En les informant qu’il s’agissait d’une fuite policière, sur fond d’agacement de certains policiers face à la volonté de l’Elysée de privatiser la sécurité du président, les “taupes” de Mélenchon lui ont permis, ainsi qu’à ses troupes, d’orienter leurs attaques.”
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