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Pascal Chevalier est le PDG du groupe Reworld Media. Ce groupe s’est essentiellement construit par le rachat successif de magazines comme Marie France ou le pôle magazine d’Axel Springer en France ou celui de Lagardère Active en 2014. Avec un chiffre d’affaires en 2017 de 185 millions d’euros, Reworld Media est entré dans le top 10 des groupes français de presse magazine. Aujourd’hui, Reworld Media est en négociation exclusive pour le rachat des 25 titres français de Mondadori (Closer, Auto Plus, Pleine Vie, Top Santé, Biba, Grazia, Closer ou encore Le Chbadeur Français). Un rachat qui inquiète les salariés de Mondadori qui ont même manifesté le 18 octobre sous les fenêtres du nouveau ministre de la Culture pour dénoncer ce rachat. ” Très rapidement des titres fermeraient, des centaines d’emplois seraient supprimés “, craint Yves Corteville, délégué syndical SNJ-CGT qui cite en exemple des titres rachetés au groupe Lagardère comme Be ou Auto-moto, où il ne resterait qu’une ” poignée de journalistes “.
Challenges. Où en êtes-vous des négociations entamées avec le groupe italien en vue du rachat des 25 titres français dont Sciences & Vie, Grazia, Auto Plus ou encore Pleine Vie… ?
Pascal Chevalier. Nous sommes toujours en négociations exclusives avec le groupe Mandadori. J’espère pouvoir annoncer le rachat d’ici la fin de l’année.
Quel est votre projet ? Comment comptez-vous intégrer ces 25 titres si différents les uns des autres à votre portefeuille actuel de magazine ?
Notre objectif est de créer un grand groupe magazine en essayant de profiter de la transformation digitale et non de la subir. La puissance des marques médias est très souvent sous-estimée. Nous voulons rendre ces marques plus vivantes.
C’est-à-dire ? Qu’est-ce que vous comptez faire que les précédents éditeurs n’auraient pas faits ?
Quand nous avons racheté les titres Lagardère, certains titres n’avaient même pas de sites web. Il a fallu tout construire. Mais pour Mondadori la situation est différente. Le groupe est rentable à plus de 20 millions d’euros et la digitalisation des titres est déjà bien amorcée.
Peut-on racheter un groupe de presse comme Mondadori en France sans le consentement des journalistes ? Des centaines de salariés ont manifesté leur opposition à ce projet de rachat. Avez-vous entendu leur colère ?
Ce projet doit se faire avec les journalistes et les personnels concernés. Leur inquiétude est tout à fait légitime. Nous commençons à discuter avec les équipes, nous prendrons le temps qu’il faut pour répondre à toutes leurs questions. Nous avons déjà des retours positifs des premiers entretiens que nous avons eus. La clé c’est le dialogue. Je suis un entrepreneur, pas un financier. Je n’investis pas dans ce projet pour revendre demain le groupe. C’est un projet de long terme.
Le nombre de journalistes travaillant à Reworld Media a fondu depuis le rachat des titres de Lagardère, vous avez fait le choix d’externaliser une partie des contenus à l’extérieur. Une stratégie qui alimente les inquiétudes des salariés de Mondadori. Entendez-vous poursuivre dans cette voie ?
Lorsque nous avons racheté les titres du groupe Lagardère nous avons dû faire face à une clause de cession mbadive : 90 journalistes ont quitté l’entreprise avec des indemnités comme le prévoit la loi. Nous avons dû faire face du jour au lendemain à cette fuite de cerveaux. Or il fallait bien sortir les magazines. Nous n’avons donc pas eu d’autres choix, pour faire face à cette urgence, que de faire appel à des agences de presse. Au fur et à mesure nous en avons réinternaliser.
Vous avez aussi créé un statut hybride de « chargés de contenu ». Ce sont des journalistes à vos yeux ?
Non, il ne s’agit absolument pas de journalistes. C’est un autre métier. Ce sont des salariés qui rédigent ce qu’on appelle des « fiches froides » pour internet. Il s’agit de contenu pratique (guide argent, déco, …) qui nous permettent d’améliorer notre référencement sur internet.
Remplacerez-vous systématiquement les départs liés aux futures clauses de cession des journalistes de Mondadori ?
Je ne peux pas m’engager aujourd’hui car je n’ai aucune idée du nombre de journalistes qui feront jouer cette clause. Mon problème aujourd’hui c’est de gérer la croissance et pas la décroissance. C’est très difficile de recruter des personnes compétentes. Cela prend beaucoup de temps. Si l’entreprise fonctionne je souhaite garder 100% des effectifs. Mais il est trop tôt pour se prononcer.
Lors du rachat des titres du groupe Lagardère vous avez fermé le magazine Pariscope. Comptez-vous faire un tri dans les titres de Mondadori ?
Nous souhaitons garder 100% des titres de Mondadori. Si nous n’avons pas pu garder Pariscope c’est parce que le vendeur n’a pas voulu nous vendre l’URL du titre. Nous avons malgré cela réussi à maintenir le titre pendant plus de deux ans sans possibilité de développer le digital avant de nous rendre à l’évidence de l’absence de modèle économique pour ce titre. Les magazines de Mondadori ont un énorme potentiel de croissance donc il n’est pas question de les fermer.
Quel montant êtes-vous prêt à investir dans ces 25 titres ?
Nous ne communiquons pas sur ce montant mais sachez que tous les titres bénéficieront d’un plan d’investissement conséquent. Nous allons accélérer dans le hors médias : organisation de salons ou colloques. Nous lancerons aussi de nouveaux titres papiers. Il faut être plus réactif. Quand un créneau marche il faut lui offrir une déclinaison papier.
Vous voulez parler de titres avec un numéro de commission paritaire ou de support de communication ?
Non je parle bien de magazines de presse réalisé par des journalistes titulaires de leur carte de presse. Je pense qu’il faut lancer un magazine sur le phénomène de la nourriture sans gluten et un autre par exemple sur les voitures écologiques. Je pousse les équipes à réfléchir chaque année à dix nouveaux projets.
Etes-vous prêt, après l’acquisition de Mondadori, à élargir encore votre périmètre ?
L’idée c’est effectivement de continuer à grandir. Mais dans un premier temps nous allons nous concentrer sur cette acquisition.
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