Exclusif – Emmanuel Macron dans l’Aude : “L’Etat sera présent et agira vite” – 22/10/2018



[ad_1]

Emmanuel Macron a promis, ce lundi, la solidarité rapide du pays aux sinistrés de l’Aude qui lui ont raconté, certains en larmes, leur nuit d’horreur lors des inondations qui ont fait 14 morts, annonçant notamment un fonds de 80 millions d’euros “dans les prochains jours”. Le président de la République a accordé, à cette occasion, une interview exclusive à La Dépêche du Midi.

Vous êtes allés à la rencontre des habitants sinistrés de l’Aude. Vous avez vu les stigmates encore visibles de la terrible catastrophe. Quel était votre sentiment ce matin ?

Celui d’une immense fierté. La fierté à l’égard de l’ensemble des services de l’Etat, des secours, des élus, que je remercie pour leur engagement et notamment le maire de Trèbes, Eric Menbadi, et de tous les volontaires qui se sont mobilisés nuit et jour sans compter. C’est le visage véritable de la France. Il me rend fier. J’ai vu des femmes et des hommes marqués par le désarroi le plus grand mais qui étaient d’une immense dignité. Cela n’enlevait rien à leur chagrin. Mais ils se tenaient debout. Et puis ils exprimaient, avec force, une volonté de faire face aux défis qui sont encore devant nous et la nécessité d’y répondre de la façon la plus pragmatique qui soit. Il y a ce que l’on doit, à la fois à ceux qui se battent depuis le début de cette catastrophe, et à tous ceux qui en ont été les victimes, c’est-à-dire de la simplicité, de la réactivité et de ne rien céder à l’esprit de bureaucratie.

Les habitants, les élus, les acteurs de la société… Ils sont nombreux à vous avoir demandé le secours de l’Etat. Que leur avez-vous dit ?

Leurs attentes sont légitimes. Ils veulent des réponses simples : un moratoire sur les charges sociales pour les entrepreneurs et les commerçants ? Nous le ferons. Les agriculteurs ont proposé qu’on puisse déclencher le dispositif des calamités agricoles. Ce sera fait. Pour les particuliers, les badureurs donneront des délais supplémentaires et supprimeront des détails techniques comme les pénalités de franchises. Le renouvellement des papiers d’identité sera rapide et gratuit. J’étais ce matin à Villalier avec des habitants qui sont inondés tous les ans. Ils veulent être relocalisés. Nous allons regarder ces situations au cas par cas.

Depuis vendredi, nous avons ouvert, avec le département de l’Aude, un guichet unique avec un secours d’urgence de 500 euros par adulte et 200 euros par enfant. Pour aider les élus et les collectivités, nous allons mettre en place un fonds de roulement, géré par le préfet, qui permette de recevoir rapidement des avances pour engager les travaux de rénovation. Nous allons d’ailleurs reconstruire dans les prochains jours certains ponts détruits. Les élus attendent que l’Etat soit à leurs côtés ? Il le sera. En effet, je veux un Etat proche du terrain pour aider les particuliers, les agriculteurs, les élus, les entreprises.

À côté de l’Etat, il y a la Nation. Les héros anonymes que j’ai rencontrés ne demandaient rien, sinon de la reconnaissance. Je suis aussi venu leur dire que la Nation tout entière reconnaît leur engagement.

En 1999, de nombreuses victimes étaient à déplorer dans des zones inondables récemment urbanisées. En 2018, une nouvelle catastrophe s’est produite. Les mêmes causes produisent-elles les mêmes effets ? Comment réagissez-vous ?

Au-delà de l’émotion, nous devons avoir beaucoup d’humilité face à ces phénomènes extrêmes. Les services de l’Etat, les élus, ont tiré les conséquences des inondations de 1999. Quand on regarde l’ensemble des documents d’urbanisme, des plans de prévention des risques, tout a été fait en bonne et due forme. Mais la nature ne se comporte jamais de la même manière, ni avec la même intensité. Les pics d’intensité des pluies en 2018 ont été bien supérieurs à ceux observés en 1999. Cela étant, il faut maintenant badyser et comprendre ce qui s’est pbadé. Est-ce que tout a bien été fait en amont ? Quels ont été les impacts de certains phénomènes, comme l’artificialisation des sols, les détournements de voies, les nouvelles constructions ? Il ne s’agit pas de faire le procès de qui que ce soit, car il faut de l’humilité devant des phénomènes naturels d’une telle violence, mais en tirer les conséquences.

L’hôpital de Carcbadonne a pourtant été construit dans une zone inondable ?

Je ne suis pas là pour juger des décisions qui avaient été prises par le pbadé alors même que ce que nous avons vécu était, de l’avis de tous, inédit. J’ai souhaité, sans concession, que les inspections compétentes puissent regarder ces décisions.

Comment améliorer les systèmes d’alerte des populations qui, à force d’en recevoir, finissent par y prêter moins d’attention. Comment entretenir la culture du risque dans les secteurs les plus exposés ?

J’ai demandé au ministre de l’Intérieur et à celui de la transition Ecologique et Solidaire d’améliorer notre dispositif d’alerte collectif. Nous devons construire, ensemble, une société de la vigilance dont nous serions, tous, les dépositaires. Ce qui vaut pour les risques naturels vaut également pour  le risque terroriste ou autres. Quand l’alerte est donnée, en particulier dans les sites exposés, il doit y avoir des habitudes comme monter à l’étage, alerter quand une personne âgée est isolée.

Dans des pays développés, comme le Japon qui subit des aléas climatiques plus réguliers et meurtriers, ces comportements de vigilance permettent de sauver de nombreuses vies.  J’ai aussi demandé il y a quelques mois qu’il y ait des entraînements réguliers en conditions réelles pour acquérir ces bonnes habitudes. L’Occitanie est une région qui représente environ un tiers des morts par inondations lors de catastrophes naturelles sur les dernières années. Elle subit la transformation du climat méditerranéen et par conséquent de plus en plus d’événements à risques.

Dans le Doubs, une sécheresse accrue oblige à ravitailler des villages par camions-citernes. Dans l’Aude, les inondations meurtrières ont provoqué la mort de 14 personnes. Quels enseignements en tirer ?

Ne nous trompons pas ! Nous sommes rentrés dans ce qu’on appelle l’adaptation climatique. Il nous appartient, tous, de nous battre pour réduire notamment nos émissions de C02 et ainsi limiter la hausse des températures. Cela impose de changer nos habitudes. Se déplacer, produire, manger… Nous ne pouvons pas continuer comme on le fait depuis des décennies, car on en voit les limites. La société de consommation intensive dans laquelle nous évoluons a produit des effets négatifs qui aujourd’hui arrivent à un niveau tel, en termes d’inégalités territoriales, sociales environnementales, que ce n’est plus soutenable. Cela ne se guérit pas en un claquement de doigts, du jour au lendemain. Ce changement, nous l’avons initié en lançant les états généraux de l’alimentation. En matière agricole, notre modèle doit évoluer avec une approche par filière et par territoire.

Cette transformation climatique impose aussi un changement d’habitude sur les mobilités. Je sais bien que tout le monde râle sur ce qui se pbade sur l’essence et le diesel. On ne peut pas, comme le disait Bossuet, déplorer les conséquences dont on chérit les causes. On ne peut pas, dès qu’il y a un problème, appeler l’Etat à l’aide et juger que c’est insupportable quand il souhaite faire évoluer les comportements, en particulier pour protéger la planète. Nous sommes dans une époque où, pour beaucoup de choses du quotidien, il faut se remettre en question. Ces transformations, nous devons les accompagner, les expliquer.

Votre visite témoigne-t-elle également d’une volonté de retisser des liens avec des territoires qui se sentent parfois abandonnés ?

Je n’ai jamais eu le sentiment d’avoir rompu les liens avec les territoires. On me l’a reproché. Mais on me reproche beaucoup de choses. Comme disait le général de Gaulle, il suffit que je lise la presse pour savoir ce que je pense. Je suis là où je dois être, là où la solidarité de la Nation s’exprime. La République, c’est un ensemble de territoires. Ce n’est pas une idée évanescente qui ne flotte qu’à Paris. Ceux qui pensent cela se trompent. Elle est dans les Mariannes de chaque mairie.



[ad_2]
Source link