IBM paye le montant record de 34 milliards de dollars pour Red Hat



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Le groupe américain IBM a annoncé dimanche qu’il allait payer la somme record de 34 milliards de dollars pour acheter l’éditeur de logiciels open-source Red Hat, qui doit accélérer la présence du géant informatique sur le marché très juteux et en plein boum du “cloud”.

Preuve qu’il y voit un apport stratégique pour l’entreprise, IBM n’avait jamais payé autant pour une acquisition et selon la chaîne financière CNBC, il s’agit de la troisième plus importante acquisition dans le secteur technologique aux Etats-Unis.

Pour mettre la main sur Red Hat –qui a été créé en 1993 avant de lancer un an plus tard sa fameuse version du système d’exploitation libre Linux– l’acteur historique de l’informatique mondiale va mettre sur la table 190 dollars par action, selon un communiqué commun diffusé dimanche. Cela représente une prime de près de 73 dollars par rapport au cours de clôture de Red Hat de vendredi à New York.

Pour justifier ce montant, la PDG du groupe informatique, Ginni Rometty, n’hésite pas à affirmer que “l’acquisition de Red Hat va changer la donne. Cela change tout sur le marché du cloud”. Le terme désigne l’informatique dématérialisée comme par exemple le stockage de données en ligne, et c’est devenu un des segments des marchés de l’informatique à la plus forte croissance et aux marges les plus juteuses.

“IBM va devenir le premier fournisseur mondial de cloud hybride”, a affirmé Mme Rometty, estimant qu’il s’agissait là de la prochaine opportunité de croissance pour l’informatique dématérialisée permettant par exemple de connecter différents types de “nuages” privés, publics, etc. Aujourd’hui, ils ne peuvent souvent pas communiquer chacun étant construit sur une base qui lui est propre ou propriétaire.

Selon IBM, 80% de la charge de travail des entreprises n’est toujours pas transposable dans le cloud en raison de la nature fermée du marché de l’informatique dématérialisée à l’heure actuelle.

A l’instar d’Amazon ou de Microsoft, IBM a fait du “cloud” une priorité dans sa stratégie de croissance.

L’entreprise se recentre depuis plusieurs années sur des créneaux jugés plus porteurs comme l’badytique, le mobile et la sécurité, regroupés sous l’appellation “impératifs stratégiques” et destinés à compenser le déclin de ses activités traditionnelles. Ces métiers représentent désormais environ la moitié de son chiffre d’affaires.

– Chapeau pour l’open-source –

Obéissant à l’adage on ne change pas une formule qui gagne, IBM a décidé d’intégrer Red Hat tel quel sous forme d’une unité distincte, qui pourra essentiellement continuer à faire ce qu’elle a fait et comment elle l’a fait jusque-là. Jim Whitehurst, le PDG de Red Hat, garde la main avec son équipe et deviendra membre de la direction d’IBM où il rendra compte directement à Ginni Rometty.

“IBM a l’intention de garder le siège de Red Hat, ses installations, sa marque et sa façon de faire”, résume le communiqué.

Pour Paul Cormier, directeur produits et technologies de Red Hat, il s’agit d’une journée historique pour l’open-source ou la philosophie du logiciel ouvert adaptable par tout un chacun à ses besoins. Ce mouvement est né dans les années 90 pour contrer les géants comme Microsoft qui vendent leurs logiciels sans possibilité de les modifier.

Red Hat, qui est basé en Caroline du nord à Raleigh mais est présent dans 35 pays et emploie quelque 12.000 personnes, est l’un des acteurs les plus connus de l’open-source que ses clients payent pour proposer des solutions sur-mesure.

L’entreprise a réalisé un bénéfice net de 259 millions de dollars lors de l’exercice 2018 clos fin mars pour un chiffre d’affaires de 2,9 milliards de dollars (+21% sur un an).

– Cash –

Même pour un géant comme IBM — 79 milliards de dollars de chiffre d’affaire pour 5,8 milliards de dollars de bénéfices en 2017– la somme offerte est énorme.

L’achat se fait en cash –plutôt que par échange d’actions– et IBM a indiqué qu’il allait payer avec ses fonds mais aussi en s’endettant, sans toutefois préciser la proportion.

IBM affirme que cette acquisition va accélérer la croissance de son chiffre d’affaires, de sa marge brute et de sa profitabilité dans les 12 mois qui suivront la conclusion du rachat. L’entreprise précise également que cela aura un effet bénéfique sur le dividende.

Pour aider à faire face financièrement IBM renonce à son plan de rachat d’actions en 2020 et 2021. L’entreprise tient aussi à préciser qu’elle “s’engage à maintenir une notation de son crédit correspondant à un investissement de grande qualité”.

IBM affirme avoir les moyens financiers d’badurer la transaction à sa signature. Elle a été approuvée par les conseils d’administration des deux entreprises.

L’acquisition devrait être bouclée durant le deuxième semestre de 2019.



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