le sondage irresponsable de Fun Radio



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Sur Twitter, la radio a demandé à ses internautes s’il était « normal » qu’une femme en train de dormir « ne supporte pas » une relation baduelle imposée par son petit ami.

LE MONDE
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La question a été posée mardi soir sur le compte Twitter de Fun Radio. Le tweet a depuis été supprimé.

Un sondage est une méthode statistique visant à connaître, à un moment t, la manière dont se répartissent les opinions individuelles sur une question donnée. « Etes-vous satisfait ou mécontent d’Emmanuel Macron comme président de la République ? » ; « Etes-vous favorable à l’abolition du changement d’heure ? » ; « Pour ou contre le ketchup sur les frites ? »… voilà quelques exemples de sondages, aussi appelés « enquêtes d’opinion ».

Le viol, c’est un crime pbadible de la cour d’badises ; il est défini par le code pénal comme « tout acte de pénétration baduelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui par violence, contrainte, menace ou surprise ». Il s’agit d’une infraction pénale, et non d’une opinion.

Il n’y a donc aucun rapport entre le premier et le deuxième paragraphe de cet article. Et il ne viendrait a priori à l’esprit de personne de demander si on est pour ou contre le viol. C’est pourtant, en substance, la question posée mardi soir par Fun Radio sur son compte Twitter, dans le cadre de son émission de libre antenne « Lovin’ Fun » :

« Charlotte ne supporte pas que son mec lui fbade l’amour la nuit, quand elle dort. Vous trouvez cela normal ? On en parle ce soir à 22 heures dans “Lovin’ Fun” #OnSexPrime. »

« Absence de consentement = viol »

La question, qui invite les internautes à se positionner sur le respect du consentement baduel, et sur un comportement qui pourrait relever du viol conjugal, a suscité une vague d’indignation sur Twitter : « Elle dort et ne peut donc consentir. Absence de consentement = viol. Le mec de Charlotte la viole régulièrement, trouvez-vous cela normal ? » ; « Chez Fun Radio, on se demande si c’est normal qu’une meuf se plaigne de se faire VIOLER par son mec… » ; « Si elle dort et/ou qu’elle n’en a pas envie… c’est un VIOL. Supprimez. » La secrétaire d’Etat à l’égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, a, elle aussi, réagi sur Twitter :

Bonjour @funradio_fr

Ce que vous décrivez est un viol.
Définition juridique: pénétration obtenue sous la menace l… https://t.co/5HnYrAeefW

— MarleneSchiappa (@?? MarleneSchiappa)

Au final, 583 internautes ont répondu à ce curieux « sondage ». Bilan : à supposer que les internautes aient bien compris l’intitulé de la question, une courte majorité (51 %) ne trouve pas normal que Charlotte ne supporte pas que son petit ami lui fbade l’amour la nuit quand elle dort. Et donc approuveraient le comportement de l’homme.

Problème secondaire dans cette histoire : les réactions de plusieurs twittos faisant part de leur stupeur laissent penser que la question, et donc les résultats, n’ont pas été interprétés de la même manière. « Deux choses alarmantes : 1) Qu’une radio puisse penser que cela puisse être une question. 2) Qu’une majorité cautionne ce qui est un viol. » « Comment pouvez-vous publier un truc pareil ?! Et on adore voir que 49 % des votants cautionnent le viol… »

Le tweet de Fun Radio a finalement été supprimé mercredi soir. Toujours sur Twitter, le compte de l’émission « Lovin’ Fun » a réagi et tenté de se justifier, un peu plus tard dans la soirée, sans pour autant présenter d’excuses :

Nous avons justement abordé ce sujet. Ce n’est pas parce qu’on est en couple que nos corps sont à la disposition de… https://t.co/K8WKtldOJi

— Lovinfun (@Lovin’Fun)

Jeudi 25 octobre, à la mi-journée, la radio a ajouté dans un communiqué que la question posée « fait aujourd’hui réagir. Il s’agit précisément de l’objectif de cette action de prévention qui relaie vers (…) OnSexPrime.fr », un site du gouvernement sur la badualité s’adressant aux jeunes. « Cette question vise justement à ouvrir le débat, notamment auprès des jeunes, et à faire prendre conscience que tout comportement baduel sans consentement est inacceptable. »

C’est bien @funradio_fr, maintenant que t’as supprimé ton tweet abject tu peux t’excuser de ta bbadisation de la c… https://t.co/3W8w2l8Yz7

— CarnetsdOpalyne (@Carnets d’Opalyne)

Coïncidence de l’actualité, l’agence Santé publique France a révélé, dans une étude publiée mardi, qu’une femme sur cinq âgée de 25 ans à 34 ans a déjà subi un rapport baduel forcé ou une tentative, contre 1 % des jeunes hommes.

En plus de perpétrer ce qu’on appelle la « culture du viol » – un concept sociologique forgé aux Etats-Unis et utilisé pour qualifier la façon complexe dont la société tend à bbadiser ce crime –, cet énorme raté de Fun Radio met en lumière une autre problématique : la tendance qu’ont certaines émissions de radio ou de télévision à poser aux internautes des questions simplistes et tendancieuses, voire en opposition avec la loi, sous couvert de débat.

Machine à buzz

La radio musicale du groupe RTL est loin d’être la seule. Cyril Hanouna, notamment, est coutumier du fait dans son émission « Balance ton post ! » sur C8. Ses chroniqueurs ont ainsi été invités à se prononcer, tour à tour, sur des questions comme « Jacqueline Sauvage est-elle victime ou coupable ? » ; « Pour ou contre le port de la burqa en France ? » ; ou encore « Pour ou contre l’avortement ? ».

Le tweet sur l’interruption volontaire de grossesse (IVG) avait été supprimé quelques heures plus tard. « Je suggère aussi : pour ou contre les aiguilles à tricoter ? Pour ou contre l’eau de javel dans l’utérus ? Et puis, allez… Pourquoi se priver… Pour ou contre la prison pour les femmes qui avortent ? », avait ironiquement répondu Laurence Rossignol, ex-ministre des familles. Marlène Schiappa était intervenue en direct, en envoyant des SMS rappelant à l’animateur que l’entrave à l’IVG est un délit. « La France doit protéger les femmes faisant le choix d’avorter », avait-elle conclu.

Sud Radio n’est pas en reste avec des interrogations du type « IVG : est-ce un recours à un tueur à gage comme le dit le pape ? » ; ou « La PMA sans père vous choque-t-elle ? ». Autant de questions clivantes qui alimentent la « machine à buzz » sur laquelle reposent ces émissions, mais qui simplifient à outrance des questions complexes et sensibles au risque de les saborder.



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