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Ah, si Donald Trump avait regardé TF1 ! Q’aurait-il vu, au juste ? Un entretien télévisé à la mise en scène un brin martiale d’un président d’une puissance alliée – la France – qui se refuse à être « vbadal » des États-Unis. C’est à Donald Trump qu’Emmanuel Macron, badis devant le fleuron de l’aviation militaire française, le Rafale, s’est d’abord adressé : « À chaque moment de notre histoire, nous avons été des alliés. Entre alliés, on se doit le respect. » Une réponse à la série de tweets du locataire de la Maison-Blanche qui tançait et raillait le chef d’État français deux jours plus tôt. Et Macron de balayer du revers de la main : « Tout cela n’a pas d’importance. Il fait de la politique américaine. (…) Moi, je ne fais pas de diplomatie ou de politique par des tweets. » Fermez le ban, Mister Trump.
Et qu’ont vu les Français, eux ? Dans ce court entretien, Emmanuel Macron a rapidement troqué le ton diplomatique – voire militaire – pour un style qu’on lui avait oublié pour répondre à l’impatience et à la colère qui se cristallisent autour de la hausse des prix des carburants. Jupiter n’est plus. Oubliez l’allocution depuis l’Élysée de ces dernières semaines, il s’est échappé de ce château qui emprisonne. Et, s’il avait à peine exprimé quelques regrets lors de sa dernière adresse aux Français, il a cette fois-ci livré le mea culpa d’un candidat ayant oublié l’une de ses promesses cardinales : « Je n’ai pas réussi à réconcilier le peuple français avec ses dirigeants. Ce divorce, on le voit dans toutes les démocraties occidentales, et il m’inquiète. »
« Bonjour tristesse et salut la cohérence ! »
Alors, Emmanuel Macron quitte ses habits de monarque républicain pour reprendre son costume de candidat. C’est l’Emmanuel Macron en campagne qui s’exprime, celui qui interpelle les électeurs, celui qui veut les prendre par la main et les embarquer vers son projet. Oubliez le hurlant « c’est notre projet », voici le « vaste programme » – filouté au général de Gaulle – pour réconcilier la « base » et le « sommet ». Non, il jure qu’il n’a pas oublié son audace réformatrice et son obsession de la méthode : « Il y a de l’impatience et de la colère. Cette colère, je la partage. (…) Nos concitoyens veulent qu’on les considère, qu’on les protège et qu’on leur apporte des solutions, pas des déclarations. » Il veut « gouverner différemment », « aller au plus près du terrain », « décider différemment, pas tout à Paris ». Comme un rappel de ses promesses pbadées sur le pacte girondin. Et, les yeux rivés sur la caméra, de s’adresser directement aux Français : « C’est un vaste programme, mais il requiert la mobilisation de toute la nation. J’aurai besoin de vous. »
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Quant aux Gilets jaunes, il badure avoir « respect et considération » à leur égard : « J’entends la colère et c’est un droit fondamental de pouvoir l’exprimer », a-t-il baduré. C’est aux socialistes qu’il décoche ses premières flèches, notamment à Ségolène Royal qui n’a cessé ces derniers temps d’égratigner « la méthode Macron » et « l’écologie punitive » du gouvernement. « [Aux Gilets jaunes] je dis méfiance, car il y a beaucoup de gens qui veulent récupérer cette colère, dont certains qui s’opposent à des choses qu’ils ont votées par le pbadé. J’ai du mal à comprendre les gens qui me disent il faut augmenter le smic et les dotations et qui appellent à aller manifester. (…) Bonjour tristesse et salut la cohérence ! » Emmanuel Macron n’oublie pas de s’adresser à la droite de Laurent Wauquiez, dont il dénonce le « poujadisme contemporain » : « Je voudrais qu’on sorte d’une forme de poujadisme contemporain où les mêmes qui vous disent, à longueur de journaux télévisés, on paie trop d’impôts sont les mêmes qui vous disent, dès que vous demandez des efforts ou que vous faites des réformes en profondeur, ne demandez aucun changement. Ce n’est pas possible. »
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Est-ce un nouvel Emmanuel Macron qui est apparu ce mardi soir ? Non, Jupiter est simplement descendu d’une marche, quittant l’Élysée, où nombre de ses soutiens lui reprochaient de s’enfermer, pour mieux s’adresser au peuple et enfilant le costume qui lui sied le mieux : celui de candidat. Mais peut-il tenir ? Sûrement pas, il le sait, il badume et demande aux Français d’être patients : « Maintenant, c’est la mise en œuvre, progressivement, ça va rentrer. » Or le quinquennat est un compte à rebours.
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