POINT DE VUE. Pouvoir d’achat, entre rationnel et passionnel



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En 1980, avec une heure de travail, un smicard pouvait payer 3,4 litres d’essence. Aujourd’hui, il peut en acheter 6,4 litres, pour alimenter une voiture qui consomme moitié moins qu’il y a quarante ans.

Il y a quelques mois, Nicolas Hulot voulait augmenter de 10 % par an les taxes sur le diesel pour accélérer la conversion du parc automobile. Jean-Luc Mélenchon trouvait trop timorée la fiscalité écologique d’Emmanuel Macron.

Aujourd’hui, le premier affiche la plus forte cote d’amour ; le second appelle à manifester contre des hausses qui proviennent d’abord du prix du brut et du taux de change. Avec les mêmes qui versent de chaudes larmes devant les drames climatiques.

Comprenne qui pourra. En matière de prix et de pouvoir d’achat, il est bien difficile de démêler le rationnel de l’irrationnel. Et bien commode, par conséquent, de profiter de ce trouble pour catalyser les mécontentements, quitte à nous faire commettre une erreur de perception.

Soit on considère – vision rationnelle – que le pouvoir d’achat définit la quantité de biens et de services que l’on peut s’offrir avec son revenu (salaire, allocations, placements, dividendes…). Soit on considère – vision irrationnelle – que c’est ce qui reste quand on a dépensé sans trop se poser de questions !

Dans le premier cas, force est d’admettre que le pouvoir d’achat global des Français, augmente. Pour preuve, le niveau croissant des cotisations sociales qui y sont adossées.

Ce pouvoir d’achat global provient d’une petite hausse nominale des revenus, d’une augmentation du nombre de personnes au travail (+ 250 000 emplois en un an) et des décisions gouvernementales.

Ainsi, la suppression des cotisations chômage pour les salariés et la baisse d’un tiers de la taxe d’habitation pour 80 % des Français vont faire grimper le pouvoir d’achat de 1,7 % au troisième trimestre.

En outre, la baisse, à caractéristiques comparables, du prix des objets manufacturés ou la quasi-gratuité de services publics d’éducation, de santé, par exemple, ne sont jamais mis sur l’autre plateau de la balance. Notre perception des plus et des moins est très sélective.

Mais cette progression globale masque d’importantes disparités, avec des gagnants et des perdants. C’est pour cela qu’une vision macroéconomique, du point de vue de chacun, n’est jamais raison. Particulièrement sur un sujet épidermique comme la voiture qui occupe une telle place, réelle et fantasmée, dans notre vie.

Dans le second cas, on parle du pouvoir d’achat arbitrable. En gros, ce qui reste quand on a payé toutes les dépenses incontournables : logement, énergie, impôts, badurances… Notion délicate : trois abonnements mobile/TV par famille et un écran incurvé sont-ils incontournables ? Incontournable, la version la mieux équipée de la voiture de mes rêves ? Incontournable, de fumer, de jouer aux jeux de hasard, de pbader dix fois chez un même fournisseur là où un minimum d’organisation permettrait de tout faire en une fois ?

On voit ainsi que la notion de pouvoir d’achat dépend, bien sûr, de facteurs politiques, fiscaux, extérieurs à chacun et de la vision sélective que l’on s’en fait. Mais elle dépend aussi de l’esprit de responsabilité de chacun, des arbitrages individuels pour consommer moins ou mieux, exceptés naturellement pour les plus démunis qu’il faut alors aider.

Lever le pied au volant, covoiturer, faire du vélo ou prendre les transports quand on est citadin : tiens, en voilà une idée révolutionnaire pour contrecarrer la hausse des taxes !

 

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