Pourquoi IBM rachète Red Hat pour 34 milliards de dollars



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Le géant américain de l’informatique réalise l’acquisition la plus chère de son histoire en mettant la main sur un spécialiste des logiciels open source pour les entreprises.

D’un côté, une entreprise traditionnelle de l’industrie de l’informatique. De l’autre, un autre géant des logiciels, mais beaucoup moins connu du grand public. Dimanche, IBM a annoncé son rachat de Red Hat, entreprise spécialisée dans le développement et la distribution de solutions open source pour les entreprises. Cette acquisition s’élève à 34 milliards de dollars. Cela en fait l’une des plus grosses opérations financières jamais réalisées dans l’industrie des nouvelles technologies, et la plus importante de l’histoire d’IBM. Le Figaro fait le point.

● Qu’est-ce que Red Hat?

Peu connu du grand public, Red Hat est pourtant un acteur majeur de l’informatique d’aujourd’hui, valorisé à plus de 20 milliards de dollars à la Bourse de New York. Créée en 1993, la société se spécialise dans le développement et la distribution de logiciels libres. Ces programmes, aussi appelés «open source», peuvent être téléchargés gratuitement, dupliqués et modifiés à l’envi. Le modèle de Red Hat est donc différent de celui d’acteurs traditionnels, qui vendent généralement des logiciels à l’unité (bien que le modèle d’abonnement, sur le cloud, progresse). Les clients de Red Hat s’abonnent à des offres pour bénéficier de l’accompagnement qu’il fournit autour de ces solutions: installation, formation, support technique, stockage et sécurité des données, etc. Red Hat distribue notamment sa propre version du célèbre système d’exploitation Linux, baptisée GNU/Linux, concurrent libre des solutions propriétaires comme Windows (Microsoft), très utilisé dans les centres de données et leurs serveurs.

Red Hat est côté à la Bourse de New York, au NYSE, depuis 1999. Son chiffre d’affaires annuel s’élève à 2,9 milliards de dollars, en hausse de 21% entre 2017 et 2018, pour 472 millions de dollars de profits.

● Qu’est-ce qui intéresse IBM?

IBM est une vieille entreprise de l’informatique et des logiciels professionnels, qui peine à se moderniser. Depuis plusieurs années, la société a fait le pari de l’intelligence artificielle pour booster ses activités. Sa plateforme Watson, sur laquelle il a déjà investi plusieurs milliards de dollars, tarde néanmoins à donner les résultats espérés. Le chiffre d’affaires d’IBM est en baisse quasi-constante depuis au moins cinq ans.

Red Hat, de son côté, est une société en croissance dans un autre secteur crucial pour l’avenir d’IBM: le cloud. Cette acquisition lui permet notamment de renforcer son offre dans le «cloud hybride». Derrière cette expression barbare se cache un enjeu important pour les entreprises d’aujourd’hui: gérer le stockage et le transfert des données entre leurs propres centres de données et ceux de leurs fournisseurs de cloud. Le géant de l’open-source va intégrer son nouveau propriétaire en tant qu’entité indépendante et lui faire bénéficier de son expertise dans les centres de données et les technologies utilisées dans l’industrie du cloud. Son PDG, Jim Whitehurst, restera en poste, tout en gagnant le nouveau titre de vice-président d’IBM.

● L’open source est-il l’avenir de l’informatique?

Il intéresse en tout cas de plus en plus les acteurs traditionnels de l’informatique. Les logiciels libres ont longtemps eu la réputation d’être réservés aux militants des libertés en ligne et aux bidouilleurs, loin des réalités des entreprises. Les solutions open source ont progressé dans le milieu professionnel. Elles se sont d’abord développées dans les outils d’infrastructure, grâce à l’essor du cloud en entreprise, et s’étendent désormais dans tous les domaines. Ses partisans mettent en avant de nombreux avantages: une plus grande sécurité (car un logiciel libre est, par essence, constamment surveillé et modifié par des développeurs du monde entier), un coût moins important, etc. Les grands du secteur, en recherche de nouveaux modèles économiques, s’y convertissent petit à petit. Salesforce a récemment mis la main sur MuleSoft, qui distribue aussi des logiciels libres. En juin, Microsoft a racheté GitHub, une plateforme collaborative pour les développeurs, très utilisée dans l’open source. Le géant de l’informatique a prouvé ces dernières années un fort intérêt pour les logiciels libres ; en 2001, son PDG de l’époque avait pourtant qualifié Linux de «cancer qui s’attaque à la propriété intellectuelle».



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