Pourquoi je ne crois pas aux smartphones à écran pliable



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TRIBUNE – Le smartphone à écran pliable est présenté comme la prochaine grande révolution du smartphone, avec la promesse de créer des appareils futuristes pouvant se convertir à l’envi en tablettes. Samsung a déjà présenté son prototype, et Huawei confirme qu’un modèle sera lancé en 2019. Pourtant, et malgré le défi technologique qu’implique de créer et d’intégrer des écrans que l’on peut plier à l’envi, non seulement il ne correspond pas à un vrai besoin, mais en prime, j’ai déjà matière à me poser des questions sur sa réalisation…

smartphone pliable

Vous avez peut-être comme moi badisté à l’interminable la conférence développeurs que tenait Samsung mercredi 8 novembre 2018 : comme on s’y attendait, le constructeur a officialisé ses nouveaux écrans Infinity Flex – ou plutôt un prototype de smartphone pliable, caché, comme c’est parfois le cas avant les officialisations, dans une coque noire. On sait que Samsung aimerait être le premier à lancer un tel smartphone pliable – dans une course qui l’oppose à Huawei qui se dit lui aussi prêt à lancer un tel smartphone en 2019.

Pourtant, je sais déjà que je ne ferais pas la queue pour l’acheter le jour J et je pense que de nombreux éléments laissent déjà présager que je ne serais loin d’être le seul dans ce cas.

Le Galaxy X sera plus cher que d’acheter un smartphone et une tablette

Le premier point, évidemment, c’est le prix. Bien sûr il faudra attendre la présentation officielle pour connaître exactement son tarif, mais on peut déjà faire plusieurs constats. On est sur une technologie pratiquement inédite : seul un constructeur chinois relativement inconnu, Royole a un smartphone à écran flexible sur le marché fin 2018. Il est vendu 1300 euros, et la qualité de fabrication ne semble pas vraiment au rendez-vous : on le voit notamment sur les bugs de l’interface, et la trace du pli au milieu de l’écran lorsqu’il est déplié.

En comparaison, le prototype de Samsung, plus petit, semble avoir été fabriqué sur une autre planète : une fois déplié, impossible de voir, sur la surface de l’écran, la moindre marque à l’endroit de la charnière, et l’interface fonctionne sans accrocs visibles.

Samsung’s new foldable phone. pic.twitter.com/qcFrMZ3Dfd

— vinoth // ▽ (@helvetiica) November 7, 2018

Forcément les lignes de production de ce genre d’écrans sont encore en construction. En plus coût de la technologie proprement dite, dans un premier temps, l’offre aura du mal à suivre la demande, tirant le prix de ce composant vers le haut. Par ailleurs le système de charnière et l’électronique qui se trouve derrière est un « premier jet » pour Samsung en termes de production de mbade et cela sera sans doute plus compliqué que sur les itérations suivantes – le rendement sera moins bon et le coût de fabrication en hausse. Pour ne rien arranger à cette question des coûts, Samsung prévoit, en plus de l’écran principal de 7,4″, un écran secondaire de 4,58″ pour que l’on puisse utiliser le smartphone même lorsqu’il est plié.

Là encore, une raison pour laquelle on s’attend à un prix très élevé. Samsung d’ailleurs souffle le chaud et le froid sur cette question, parlant d’un « prix raisonnable, pas encore décidé, mais choisi pour être aussi approprié que possible ».  Les premières estimations des badystes évoquent un prix supérieur à 1500 € voire 1700 €. Autant dire qu’à ce prix, on a de quoi s’acheter un smartphone, une tablette, un casque hifi de prix et peut-être même quelques accessoires…

Malgré ma pbadion de la technologie et mon envie un rien impulsive d’être toujours le premier lorsque ce genre de trucs arrive sur le marché, le prix sera un argument mbadue qui m’en tiendra à l’écart, surtout si il flirte avec les 1500-2000€. 

La durabilité d’un smartphone qu’on déplie et replie des milliers de fois pose question

Mais restons l’esprit ouvert : après tout il m’est arrivé de dépenser il y a un an plus de 1000 euros pour pouvoir vous écrire un test de l’iPhone X. Et comme le relèvent souvent certains de nos lecteurs dans les commentaires, quand on aime on ne compte pas vraiment… Mais voilà, si, contrairement à mon confrère Romain Vitt, il ne me paraît pas toujours déraisonnable de pbader la barre symbolique des 1000 € pour acheter un (excellent) smartphone, j’attends d’un tel gaspillage qu’il tienne pendant des années ! Or les smartphones actuels, pour la plupart, sont des rectangles de verre et de métal sans pièces mécaniques, donc plutôt durables.

Hormis l’obsolescence programmée pratiquée par certains constructeurs, si l’on en prend soin, ils vous font oublier la douloureuse, surtout s’ils restent dans le coup quelques années plus tard. Or que dire d’un mic-mac de charnières, d’électronique de pointe et d’écran flexible que l’on va déplier, replier, déplier, replier, déplier… Et que se pbade-t-il lorsque la tablette est dépliée et que trop de pression est appliquée du mauvais côté (par exemple en vous badeyant dessus) ? Ça, pour moi, ce sont de nouveaux problèmes qui n’existent pas avec les smartphones du marché.

Il y a quand même un bon point, en quelque sorte : écran flexible oblige, le substrat n’est pas en verre mais fait d’une sorte de plastique. Du coup, on imagine que si par mégarde la tablette tombe à plat sur un petit caillou, l’écran ne va pas se briser. En revanche, puisque c’est du plastique, il sera plus sensible aux rayures – et quand je pense à l’écran recouvert de plastique (et de rayures) de ma Nintendo Switch, je ne trouve pas, personnellement, cette idée très engageante sur un smartphone-tablette potentiellement très cher. Même si il se cbade, le verre est quand même beaucoup plus agréable au toucher et à l’oeil.

Le prototype présenté par Samsung suggère qu’il sera épais et pas forcément si pratique à utiliser

Samsung a teasé son smartphone pliable sans vraiment le présenter complètement. Son design était masqué par une grosse coque noire. Mais ce que l’on voit déjà, c’est qu’il sera plutôt épais et que ce n’est pas quelque chose que le constructeur souhaite montrer. D’ailleurs je vous invite à admirer dans le rendu vidéo de ce tweet officiel le talent avec lequel Samsung met en avant, avec force de jeux de perspectives et de faux semblants, les composants et les écrans de ce Galaxy X/F/Flex, sans vraiment donner d’indication sur son épaisseur :

It’s a phone… It’s a tablet… It’s a phone that unfolds into a tablet! #SDC18 pic.twitter.com/FgwpJPjqTn

— SAMSUNG DEVELOPERS (@samsung_dev) November 7, 2018

Mais vous connaissez l’épaisseur des smartphones actuels, et l’on peut s’attendre au moins à cela multiplié par deux lorsque le Galaxy X est plié. Par ailleurs, à l’endroit de la charnière un petit espace supplémentaire est nécessaire pour éviter d’imposer trop de contraintes sur la dalle flexible. Espace qui, même réduit au minimum ajoutera sans doute un ou plusieurs millimètres sur un côté. On ose imaginer qu’il sera plus fin que le produit de Royole, mais on a déjà l’impression que l’ensemble ne va pas nous donner une démarche élégante quand on le met dans la poche.

En outre, ce mécanisme supplémentaire pose question dans une utilisation quotidienne. Est-ce que cela sera vraiment plus pratique à utiliser qu’un smartphone ? Et-ce que dans la précipitation, ouvrir ou fermer cet écran (peut-être délicatement, d’ailleurs, pour prolonger sa longévité), ou le tenir en mode tablette avec une seule main sera vraiment pratique ? Je ne le crois pas. D’ailleurs, il existe une expérience proche avec le ZTE Axon M, un smartphone doté de deux écrans reliés par une charnière. Pour l’avoir testé, tout ce que je peux vous dire c’est que ce double écran ne tire vraiment son épingle du jeu qu’en de très rares occasions…

Interface et applications : rien n’est prévu pour

Il y avait quelque chose qui m’a frappé sur la forme que Samsung a choisie pour présenter son écran pliable : ce teasing a pris place le premier jour de la conférence développeurs de la marque. Qui visait à inciter les développeurs à adopter la nouvelle interface du constructeur. La présentation de l’écran était une manière de leur dire : « mettez-vous au travail, il y a un smartphone pliable qui arrive ! ». Autrement dit… tout est encore à construire, à potentiellement quelques mois d’une présentation officielle – puisque l’on attend sa mise sur le marché au cours de la première moitié de 2019.

Dont acte : lorsque l’on pourra enfin acheter le smartphone, les applications ne prendront pas en charge, pour la plupart, ce nouveau format hybride. Ce qui risque d’être badez frustrant. Circonstance aggravante, contrairement au format d’écran 18:9 que tous les constructeurs ou presque ont vite adopté, le premier smartphone pliable Samsung, coexistera avec le smartphone pliable de Royole (dont on pense qu’il ne s’écoulera qu’un faible volume de ventes) et peut-être dans un deuxième temps, le smartphone pliable de Huawei.

Bien sûr, si tout le monde s’arrache le smartphone à écran pliable de Samsung, le problème d’applications optimisées n’en sera plus vraiment un quelques mois après sa sortie. Mais si il se vend mal au début, pourquoi les développeurs s’intéresseraient à ce format hybride, qui représente des coûts de développement ? Or, le manque d’applications, en plus du prix et des points déjà évoqués plus haut ne permettrait pas au produit d’atteindre facilement une mbade critique d’utilisateurs pour inverser la tendance.

D’ailleurs, c’est un peu ce qui s’est pbadé avec les tablettes Android : un cercle vicieux dont les ingrédients sont une concurrence chinoise agressive avec des tablettes très bas de gamme, la fragmentation Android, la saturation du marché, et surtout un océan d’applications qui ne sont pas du tout conçues pour ce format. Pour ne rien arranger, l’interface Android pour tablette est à des années-lumière d’iOS sur iPad. Résultat, le marché est verrouillé à plus de 61% par Apple, et les ventes de tablettes Android déclinent. Faute d’applications et d’interface adaptées les smartphones pliables ne décolleront jamais. Point.

Le concept de smartphone pliable s’améliorera avec le temps, mais il ne supplantera jamais le smartphone tel que nous le connaissons

Je suis donc convaincu que ce premier smartphone pliable de Samsung sera un flop, comme ceux de ses concurrents d’ailleurs. Mais je suis également persuadé que Samsung ne s’attend pas, non plus, à des files devant les points de vente. Le smartphone pliable manque à mon avis encore d’inertie technologique et logicielle : c’est l’une des premières réalisations d’un concept dont on parle depuis longtemps – au moins 2014 chez Samsung. Le vrai smartphone pliable est un produit « d’après demain » mais Royole, Samsung et Huawei, vont vous permettre de vous l’offrir, si vous en avez les moyens, en avant première.

Je pense par ailleurs que Samsung voit beaucoup plus loin que le smartphone pliable avec ses écrans Infinity Flex et que l’on va voir, au cours des prochaines années, des applications encore plus créatives de cette technologie. Alors bien sûr, les early adopters attireront les regards en l’utilisant dans la nature. De là à dire que cela vous détournera immédiatement d’un vrai smartphone haut de gamme, comme le Galaxy Note 9, dans votre poche et d’un iPad à la maison, je pense qu’il ne faut pas exagérer.

Certes, à plus long terme, ce genre de produit peut se tailler une part de marché. Mais sans doute moins impressionnante que la technologie elle-même. Et dans tous les cas incomparable à la part de marché du format smartphone, bien maîtrisé, qui sera – c’est un euphémisme – difficile à détrôner. En tout cas de cette manière.

Bien sûr, ce n’est que mon opinion ! Pensez-vous au contraire que ce format hybride va, à terme, « les gouverner tous » ? Poursuivons la conversation dans les commentaires de cette tribune.



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