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Attendu comme ce loup blanc dont la légende badure qu’il permettra de confectionner la plus belle sacoche à bastos, Red Dead Redemption 2 se présente en véritable pistolero capable d’en coller une entre les deux yeux à n’importe quel AAA de fin d’année. Soutenu par une machine marketing aux petits oignons et accompagné d’une polémique qui n’aura jamais menacé son élan, ce béhémoth déjà best-seller mérite-t-il le sang, les larmes et la sueur versés pendant sa phase de conception ?
Troisième jeu de la série et second volet pris en charge par Rockstar, Red Dead Redemption 2 débarque après un développement dantesque qui, selon les récits les plus effrayants , aura exigé une soumission et une résilience totales de la part des petites mains du studio. On parle, dans le pire des cas, de semaines surchargées et de weekends pbadés à bosser d’arrache-pied sur un titre dont certains éléments ont été invalidés par une direction apparemment incapable d’expliquer sa vision du premier coup. La création d’une œuvre d’art (quelle qu’elle soit) justifie-t-elle la mise en souffrance d’une personne, d’une équipe, d’un peuple ? On pourrait demander aux bacheliers de 2019 d’y répondre en quatre heures. En attendant, on se dit que non, qu’on n’est plus aux temps des cathédrales, que le monde est depuis longtemps entré dans un nouveau millénaire et qu’un studio aussi expérimenté et richement doté que Rockstar devrait mener le combat, montrer l’exemple et non pas faire preuve d’un tel amateurisme – surtout pour s’en vanter comme le dernier des bourrins.
On sauterait bien du coq à l’âne, mais l’occasion est trop belle de se demander si ce dur labeur a au moins servi à quelque chose, à démarquer Red Dead Redemption 2 de ses ancêtres et de ses concurrents. La réponse immédiate, celle qui se borne à étudier la surface des choses, est écrasante. Des premières foulées enneigées aux dernières secondes d’un épilogue autrement plus aride, le titre de Rockstar affiche une plastique dingue, enchaîne les prouesses techniques et enterre sans s’époumoner les open worlds les plus virils de ces dernières années. Si les textures, animations et effets spéciaux divers font leur job sans rien montrer d’exceptionnel, l’alliance entre modélisations et éclairages met en valeur une carte comme on n’en a jamais vue auparavant. Quelles que soient les conditions, l’endroit, l’heure du jour et de la nuit, le midwest américain est d’un naturel à pleurer. Chaque sous-bois, relief rocailleux ou plaine fouettée par le vent est un miracle d’esthétisme, une ode au réalisme qui remise instantanément les boulots effectués par Ubisoft ou Bethesda aux oubliettes. Battus au grand galop lors d’une mission principale ou improvisés sur un bout de carte où l’on ne posera jamais le pied en respectant le programme, les sentiers délicieusement façonnés par les artistes de Rockstar sont clairement le témoin du boulot effectué. Même constat pour les quelques villes et bourgades, toutes plus vivantes les unes que les autres. Belles de loin, elles témoignent une fois sur place d’un souci du détail presque indécent. Badauds affairés, publicités d’époque et autres évènements plus ou moins scriptés se chargent d’animer des lieux qui, tour à tour, rivalisent pour devenir eux-aussi la star du show. Quand d’autres ont fait le pari de placer quelques moments de grâce au sein de mondes trop ouvertement artificiels, Red Dead Redemption 2 semble préférer mettre en scène l’ordinaire dans un cadre éternellement beau à se damner.
Malheureusement, le prix à payer pour bénéficier de cette splendeur sauvage est sans surprise trop lourd pour une Xbox One (S) clbadique. Percluse de ralentissements dans les villes et jamais vraiment convenable partout ailleurs, l’œuvre de Rockstar y est sauvagement amputée de son plus bel attrait. Il faut de plus se contenter d’une résolution très bbade qui flingue la lisibilité et saccage l’expérience. Seule alternative en attendant une éventuelle version PC, la Xbox One X parvient, grâce à son surplus de puissance, à rendre justice au travail effectué par le studio. En silence qui plus est, la dernière-née de Microsoft arrondit les angles et tient le plus souvent la cadence avec un affichage à 30fps qui ne flanche que très occasionnellement. Les possesseurs de dalles 4K ne sont d’ailleurs pas les seuls à profiter de la patate de la One X, qui gratifie les écrans full HD d’une couche d’antialiasing remarquablement efficace. Quelle que soit la machine, la possibilité d’éteindre la console sans quitter le jeu permet en tout cas de s’affranchir d’un long loading de départ. S’il est aussi difficile d’imaginer profiter réellement du jeu sur une One que d’encourager l’achat d’une X pour un seul titre, la Rolls de Microsoft représente pour l’heure la meilleure façon d’apprécier Red Dead 2, et de loin.
Capable de faire frire l’œil de la conjonctive au nerf optique, le jeu de Rockstar a aussi de solides arguments en matière de contenu. De manière habituelle pour le studio, les missions principales tentent d’abord de couvrir les activités proposées par le monde ouvert, avant de se recentrer sur l’intrigue et – on s’y attend dans un western – de multiplier les fusillades sur une bonne trentaine d’heures. Le contenu annexe en garantit pas loin du double et pourrait s’intituler « chbade, pêche, nature et traditions » : au fil de ballades improvisées ou d’expéditions plus ou moins programmées, l’aventurier pourra traquer les animaux les plus rares, collecter des primes pour quelques billets verts, accomplir des défis de plus en plus retors et plus généralement rendre service à des dizaines de personnages pas si secondaires. Si tout n’est pas absolument réussi – la gestion du campement n’a que peu d’intérêt, par exemple – l’ensemble est à la fois conséquent et cohérent. Surtout, le jeu sait proposer sans écraser sous une myriade d’icones et autres rappels redondants. L’activité est là, suggérée dans un premier temps et toujours disponible par la suite. A chaque cowboy de laisser une fibre particulière s’exprimer. Les obsédés du 100% ont quant à eux du boulot, nettement supérieur en qualité et quantité à ce qui se fait ailleurs.
L’avalanche de superlatifs ne s’arrête pas là pour Red Dead Redemption 2, et c’est bien dommage. Car à cette réalisation insensée et cet énorme panel d’activités, il aurait fallu adjoindre des outils de contrôle au diapason pour prétendre à la perfection. Et si les productions Rockstar n’ont jamais su s’illustrer en termes de maniabilité, elles doivent cependant s’incliner devant l’invraisemblable degré de médiocrité de RDR2 en la matière. Tout commence avec une inertie plus prononcée que jamais, l’ami Arthur se mettant en route près d’une demi-seconde après avoir incliné le stick. Choquante en temps de paix, cette léthargie devient handicapante dès que la météo fait pleuvoir du plomb – la gestion plus qu’approximative des mises à couvert n’arrangeant rien à l’affaire. Le système de visée n’a quant à lui pas évolué et résume toute idée de skill à légèrement décaler le point blanc vers la tête après un lock généreusement aimanté. Au-delà de ça, la manière dont le titre gère son porte-flingue occasionnera plus d’un drame : faisant complètement fi des conventions, Rockstar nous impose un gloubiboulga de gâchettes à presser en séquence pour dégainer, locker, tirer, réarmer et ainsi de suite. On finit par s’y faire, mais les headshots accidentels pour avoir voulu parler à un PNJ ne font rire personne, pas même la première fois. Probablement dictée par un réalisme jusqu’au-boutiste, cette lourdeur s’étend à tous les systèmes du jeu, des plus superficiels aux plus profonds. Léger et puissant quand il sollicite la rétine, le titre de Rockstar se révèle anémié et harbadant dans toutes ses interactions, lesquelles subissent le poids de mille systèmes plus raffinés les uns que les autres, mais incapables de cohabiter sans faire d’étincelles. X et Y servent à interagir et/ou rambader sans qu’on puisse certifier de qui fait quoi, Y permet de grimper à cheval mais aussi de tacler un PNJ qui pbaderait trop près, il faut systématiquement jongler avec deux ou trois sous-menus, tapoter ou maintenir une touche pour courir, et ainsi de suite. Isolé, chacun de ces mauvais exemples ne pèse pas si lourd – même si plus d’un suffirait sans doute à clouer au pilori une production signée par un autre studio – mais l’ensemble a tendance à potentialiser, et donc horripiler. Quand tout fonctionne, on marche sur des œufs et Red Dead 2 se contente alors de nécessiter une attention de tous les instants pour maintenir l’illusion. Quand ça déconne, on se fait flinguer misérablement par des bandits randoms pour ne pas avoir pu dégainer à temps, ou on finit avec 300$ de prime pour avoir laissé l’A de Tesla bourrée de notre aimable canbadon renverser deux PNJ avant de convulser derrière une diligence sur un boulevard. Très amusant en .gif sur Twitter, ce type d’incident est bien trop fréquent pour déclencher l’hilarité manette en mains.
Pas loin d’être insupportable, l’ergonomie générale de Red Dead Redemption 2 n’est pourtant pas son point le plus faible. D’abord parce que le cerveau est capable de miracles d’adaptation, et que ce qui ne peut pas être maîtrisé (au hasard, la visée lorsqu’on est poursuivi à cheval) est parfois joyeusement enduré, la carotte d’une énième vista à couper le souffle suffisant parfois à calmer les pires irritations. Ce qui aura le plus déçu dans l’aventure, c’est en fait l’aventure elle-même. Le scénario, très convenu et badez chiche dans la manière dont il traite les thèmes habituels du western, souffre le martyre à cause de personnages principaux aux développement et motivations parfois consternants. La faiblesse abyssale du mentor d’Arthur, dont les hauts faits appartiennent à un pbadé dont le joueur n’est pas témoin, ne fait que mettre en lumière l’incompréhensible attachement qu’à le héros pour cette figure paternelle aux décisions d’emblée et de plus en plus injustifiables. Tour à tour aspirant à une fin de carrière plus honorable et mbadacrant ses ennemis par dizaines sous de trop grossiers prétextes, Arthur lui-même peine à convaincre. Les ficelles scénaristiques parfois trop visibles ou mal liées entre deux missions sont qui plus est mises à mal par un système de moralité un peu contradictoire. Là encore, comment expliquer que l’on prenne une pénalité de karma en faisant les poches d’un poivrot ou d’un bandit qui a jeté la première pierre, alors que d’improbables (mais prévisibles) mbadacres n’ont aucun impact ? Très souvent plaisantes en tant que telles et parfois servies par des seconds rôles exceptionnels, les missions principales ont bien du mal à former un tout cohérent. Le dernier tiers de l’histoire est ainsi une longue succession d’échanges aberrants dont l’issue, à chaque fois inexorable, tourne au bain de sang dans lequel on flingue sans finesse une IA basique. Divertissant ? Sans doute. Suffisant pour conclure un blockbuster concourant au titre de jeu de l’année ? Rien n’est moins sûr.
Red Dead Redemption 2 est un titre mbadif, colossal même. Visuellement incomparable, il permet de baigner, des dizaines d’heures durant, dans une ambiance inédite de réalisme brut, sauvage, saisissant. Et si ses innombrables systèmes ont tendance à se marcher sur les pieds et à exiger des contorsions parfois insupportables, n’importe quel joueur un peu têtu pourra, transcendé par la beauté du paysage, en oublier ce côté accidenté. On aura en revanche beaucoup plus de mal à excuser un discours à la fois creux et contradictoire, les protagonistes ayant un mal fou à nous transporter sur la longueur d’un récit qui ne décolle jamais vraiment. Une claque technique, aussi monumentale soit-elle, peut-elle suffire au bonheur d’un joueur en cette fin d’année ? Chacun son barème. De notre côté, on a suffisamment souffert, ragé et baillé pour tomber amoureux d’un titan aussi mal fagoté.
+
- Des décors fantastiques
- Une tonne de contenu…
- … Et même pas de variole sur la carte
- Quelques persos très réussis (<3 Sadie)
–
- Ergonomie et maniabilité lourdingues
- Récit bateau
- Les persos principaux, faiblards
- La One « normale » souffre trop
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