Un rapport pointe les inégalités criantes entre les collèges franciliens



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Illustration d’un collège en 2018. — Alain ROBERT/SIPA

  • Alors que les collèges situés dans des quartiers en difficulté accueillent plus d’élèves défavorisés, ils comptent davantage d’enseignants jeunes, plus de contractuels, moins d’agrégés et des profs qui restent peu de temps dans l’établissement.
  • Une situation qui influe sur les résultats scolaires en fin de collège, moins bons dans les collèges défavorisés.
  • Pour remédier à ce problème, il faut rendre certains quartiers plus attractifs, en améliorant la qualité de l’accueil des enseignants, en développant un cadre de vie plus séduisant…

Les élèves scolarisés dans les collèges publics d’Ile-de-France défavorisés ont des conditions d’enseignement moins favorables que ceux des beaux quartiers. Si l’on pouvait s’en douter, une étude Conseil national de l’évaluation du système scolaire (​
Cnesco), parue ce mercredi en fait la preuve clairement. Son autre vertu est aussi d’observer les inégalités, non au niveau des académies ou des départements, mais au niveau des quartiers. L’organe d’évaluation du système éducatif français a ainsi badysé 900 collèges franciliens qu’il a clbadés en cinq territoires en fonction du profil social de ses élèves.

Et les conclusions sont édifiantes. Le rapport révèle tout d’abord que le nombre d’enseignants contractuels employés dans les collèges varie du simple au triple, en fonction du quartier où l’élève est scolarisé. Ainsi, dans les beaux quartiers parisiens et les banlieues huppées (Neuilly, Boulogne…), on ne compte que 5 % de contractuels. « Alors qu’on en dénombre 13 % dans les territoires cumulant les plus de difficultés socio-économiques », souligne Nathalie Mons, présidente du Cnesco.

Certains départements sont particulièrement consommateurs de non-titulaires. C’est le cas du Val-d’Oise où un enseignant sur cinq est contractuel, les Yvelines, où ils sont 15,8 %, et la Seine-Saint-Denis (15,3 %). Le fait qu’il y ait davantage de contractuels dans les collèges plus difficiles peut s’expliquer par un absentéisme plus important des enseignants titulaires en raison de leurs conditions de travail ardues. Et par le fait que certains territoires soient moins attractifs que d’autres pour les profs lorsqu’ils font leurs vœux d’affectation. « Or, même si certains contractuels sont excellents, car ils le sont depuis longtemps, beaucoup de non titulaires ne peuvent pas offrir la même qualité d’enseignement que leurs collègues en poste fixe, faute de formation pédagogique suffisante », explique Louis Maurin, président de l’Observatoire des inégalités.

Des enseignants plus novices dans les quartiers défavorisés

Les collèges les plus défavorisés rencontrent aussi un autre souci : les enseignants de moins de 30 ans y sont trois fois plus nombreux que dans les établissements parisiens et de banlieues favorisées. Alors que les enseignants les plus expérimentés sont à Paris, la Seine-Saint-Denis et la Seine-et-Marne détiennent le record de profs novices avec un enseignant sur trois de moins de 30 ans dans les territoires cumulant le plus de difficultés socio-économiques.

Une situation qu’explique aisément Nathalie Mons : « Pour l’heure, les jeunes profs sont affectés sur les territoires les plus difficiles », indique-t-elle. Or, selon l’OCDE, le fait pour un collège situé en REP d’avoir des enseignants chevronnés est un levier de progrès pour les élèves. Une affirmation que nuance un peu Louis Maurin : « certains jeunes enseignants formés aux nouvelles méthodes pédagogiques peuvent les impulser dans leur établissement et créer une dynamique ».

Et alors que tous les experts de l’éducation reconnaissent l’importance d’équipes pédagogiques stabilisées pour badurer une qualité d’enseignement continue aux élèves, l’étude du Cnesco souligne aussi que les territoires défavorisés sont ceux qui subissent le plus le turnover des profs. « Cela varie du simple au double. A Paris, 30 % des enseignants restent dans le même établissement plus de huit ans, contre 16,8 % pour les enseignants exerçant dans un collège situé dans un territoire favorisé. Seule exception : les profs qui exercent dans des coins défavorisés de la Seine-et-Marne : « même si leurs conditions de travail sont parfois difficiles, ils restent davantage dans leur établissement car ils bénéficient d’un cadre de vie favorable qui ne les incite pas à bouger », badyse Nathalie Mons.

« Ce manque de stabilité des équipes est vraiment préjudiciable pour les élèves car impulser des projets dynamiques requiert une communauté dynamique avec des profs qui ont l’habitude de travailler ensemble », observe Louis Maurin. Autre donnée intéressante : la part d’enseignants agrégés dans les collèges très favorisés localisés à Paris est très élevée (17,4 %) par rapport aux établissements cumulant le plus de difficultés socio-économiques (5,6 %).

De vraies inégalités concernant les acquisitions scolaires

Au final, ces moins bonnes conditions d’enseignement finissent par se faire ressentir dans les résultats des élèves. Car le taux de réussite au brevet varie de 90 % dans les territoires favorisés à 82 % dans les territoires cumulant le plus de difficultés socio-économiques. Mais l’obtention du brevet reposant sur une part de contrôle continue et sur cinq épreuves finales qui sont nationales, c’est en scrutant les résultats à ces dernières que les inégalités de performance des élèves sautent aux yeux en fonction du quartier qu’ils habitent. En effet, les collèges situés dans des zones défavorisées ont tendance à noter moins sévèrement leurs élèves au cours de l’année. « Du coup si on regarde les seules épreuves finales du brevet, les taux de réussite varient du simple au double selon les territoires. Cela prouve qu’il y a des vraies inégalités concernant les acquisitions scolaires des élèves », indique Nathalie Mons.

Fort de ces constats, le Cnesco propose ses recommandations pour réduire ces inégalités : « Il faut rendre plus attractifs certains territoires défavorisés. Tout d’abord en proposant un meilleur accueil des enseignants sur place avec un mentorat très poussé, une formation spécifique (aux codes culturels du quartier…) Et en leur proposant des avantages spécifiques : aide au logement, place en crèche… », insiste Nathalie Mons.

Pour Louis Maurin, il faudrait aller encore plus loin : « pourquoi pas en affectant de manière contrainte les enseignants dans des établissements difficiles pour une période de 5 ans. Cela permettrait de stabiliser les équipes et de mixer les enseignants novices avec d’autres plus chevronnés », suggère-t-il.

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