Yoann Maestri : «On dirait qu’on ne veut pas gagner…» – XV de France



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Le deuxième-ligne toulousain était très touché à l’issue de cette nouvelle défaite. Entre soupirs et impuissance, il dresse un constat sans concession des carences récurrentes du XV de France.

Au Stade de France

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Ce n’est pas la première fois ces dernières années que le XV de France finit par perdre un match à sa portée…
Il y en a beaucoup, c’est sûr (long soupir, il y en aura beaucoup d’autres, ndlr). Ça fait des années qu’on le dit. Il nous a manqué cette précision qui fait, qu’à 30 secondes de la fin alors qu’on a une mêlée à l’entrée de leurs 22 mètres, on doit être capables, comme on le fait chaque week-end en Top 14 ou en coupe d’Europe avec nos clubs respectifs, de tuer le match. Et voilà, encore une fois. On a les armes pour gagner, ça sent bon, et puis on perd…

Pourquoi ?
Je ne sais pas. C’est déjà arrivé un tel scénario. On en a parlé avec les anciens. On a connu ça contre l’Irlande, lors du dernier Tournoi. Ces matches que tu dois gagner et que tu ne gagnes par manque de maîtrise. Et je ne parle pas là seulement de la dernière action. On leur a donné trop de points facilement, toutes ces pénalités. Nous, on doit redoubler d’efforts physiques pour marquer alors qu’eux se nourrissent simplement de chacune de nos bêtises. C’est criant. Mais ça, on le dit depuis des années. C’est ce qui différencie une grande équipe et une équipe qui doute, qui n’est pas à ce niveau-là. Malheureusement, on est à notre place.

Guilhem Guirado a confié que le vestiaire était meurtri
Bien sûr. On est tous très déçu et abattu. Parce qu’on n’y arrive pas. On dirait qu’on ne veut pas gagner…

«On cède toujours sur les mêmes petites conneries, sur notre manque de précision»

Yoann Maestri

Il y a quand même du positif à retirer non ?
Le positif, c’est l’énergie, l’abnégation, l’intensité qu’on a su mettre par moments. Mais c’est trop faible pour espérer mieux. Mais on ne va pas se cacher derrière ça. On a mis le minimum, comme souvent les années pbadées, mais ça ne suffit pas à très haut niveau. Il faut plus de rigueur.

Avez-vous l’impression que l’équipe de France ne progresse pas ?
Je ne sais pas… (Il réfléchit) Je ne pense pas non. Sur certains domaines, il y a des progrès : l’envie, l’intensité, je répète. Mais c’est le minimum. En revanche, on cède toujours sur les mêmes petites conneries, sur notre manque de précision. Pour dire vrai, en plus, d’un match à l’autre, les domaines où il y a du mieux changent. On progresse d’un côté, on régresse de l’autre. Et puis, il ne faut se mentir, on sait qu’en novembre, on est plus en forme que les joueurs de l’hémisphère sud qui sont en fin de saison. Donc, à cette période, l’écart paraît minime, mais en fait…

Vous vous dites «on ne gagnera jamais » ?
Oui. A la fin, on se dit : «On est noir. On n’a pas le droit de gagner». On dirait qu’on ne veut pas… Je n’en peux plus. J’ai l’impression qu’on est tatoué à ça. Après, soit tu poses ton sac, tu dis «J’en ai marre» et tu abandonnes ; soit tu fais preuve d’abnégation. Mais c’est très dur. On est vraiment très touché là. Nous les anciens, on va continuer à s’accrocher. Et espérer que les jeunes finiront par gagner des matches. Que voulez-vous que je vous dise ?

Vous êtes résigné ?
Non. J’espère en gagner des matches. Mais nous, les anciens, nous sommes quand même plus près de la fin que du début. Et on en a vécu des défaites… Alors j’espère que tout va vraiment être mis en place pour que ces jeunes en vivent le moins possible.

«C’est tout Teddy (Thomas) ça. Il fait le plus dur puis…»

Yoann Maestri

En voulez-vous à Teddy Thomas pour ce surnombre imparable qu’il a gâché en jouant sa carte personnelle ?
(Il hésite, marmonne à voix bbade, sans conviction) Non, je ne lui en veux pas… (Il grimace) C’est tout Teddy ça. On en a déjà discuté mais je n’ai pas envie de vous en parler… Il fait le plus dur puis… Il élimine quatre mecs mais veut en éliminer un cinquième (rire nerveux). Là aussi… (Il se pbade longuement les mains sur le visage pour retrouver son calme). Après il n’y a pas eu que ça. On a tous fait des conneries pendant ce match. On va en parler entre nous. Il faut qu’on en discute.

Une discussion un peu rude ?
Ce sera entre nous (sourire).

Comment, en une semaine, relever la tête et faire face à l’Argentine ?
Je ne sais pas. On va tout faire pour. En s’entraînant pour gommer toutes nos bêtises. Au point où on en est, il va falloir positiver ce qu’on peut : l’intensité, le déplacement, le replacement, le fait qu’on n’a pas subi l’impact physique des Sud-Africains.

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Mais ce ne sera pas facile non plus contre l’Argentine…
Il faut être lucide. L’année dernière, on fait match nul contre le Japon. Donc face à n’importe quel adversaire, on se doit d’être humble.



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