Brésil : Sergio Moro, un juge anticorruption pour le gouvernement de Bolsonaro



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Le juge Sergio Moro, acteur majeur de l’opération «  Lavage express  » au Brésil et symbole de la lutte anticorruption vient d’accepter de rejoindre le gouvernement du nouveau président d’extrême droite Jair Bolsonaro. Celui-ci l’a convaincu de s’installer aux commandes d’un super-ministère rbademblant la Justice et la Sécurité publique. Après une rencontre avec le futur chef de l’État à son domicile de Rio de Janeiro, le juge Moro s’est dit «  honoré  » de cette invitation qu’il a acceptée.

Figure de proue de l’opération «  Lavage express  », enquête tentaculaire qui fait trembler les politiques de tous bords, il est surtout la bête noire de l’ex-président Luiz Inácio Lula da Silva, emprisonné à un jet de pierre de ses bureaux, dans la ville méridionale de Curitiba. Son principal fait d’armes : en juillet 2017, il a condamné Lula à 9 ans et 6 mois de prison pour corruption, une peine alourdie à 12 ans et un mois en appel, que l’icône de la gauche a commencé à purger en avril dernier.

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Démêlant un vaste système de détournements de fonds de Petrobras, le juge n’hésite pas à envoyer en prison pratiquement tous les anciens directeurs du groupe pétrolier étatique, puis les patrons des plus puissants groupes de BTP qui leur versaient des commissions en échange de marchés. Cela le conduira vers l’argent sale alimentant les campagnes de la plupart des partis politiques au Brésil. Et ce juge intrépide n’hésitera pas non plus à envoyer derrière les barreaux des hommes politiques de premier plan, de droite comme de gauche.

«  Pas de grief personnel  »

Lula – que Jair Bolsonaro a dit souhaiter voir «  pourrir en prison  » – est sans conteste le plus gros poisson à être pris dans ses filets. Avant de l’interroger en mai 2017, le juge Moro lui avait baduré : «  Monsieur le Président, je veux clarifier que, malgré certaines rumeurs, je n’ai pas de grief personnel contre vous. L’issue du procès viendra des preuves et de la loi.  » Il n’a pas convaincu tout le monde. Et surtout pas l’ancien chef de l’État, qui a déclaré après sa condamnation : «  Le juge Sergio Moro, otage des médias, était condamné à me condamner.  »

Quand le magistrat lui a demandé lors d’une audience s’il se sentait responsable du réseau de corruption autour de Petrobras, Lula a rétorqué : «  Et vous, vous sentez-vous responsable des dégâts causés par l’opération Lavage express ? Du fait que des centaines de milliers de personnes ont perdu leur emploi dans les secteurs du pétrole et de la construction.  »

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La froideur avec laquelle ce Don Quichotte de la justice coince les puissants, depuis Curitiba, à plus de 1 000 km de Brasilia, avait éveillé les craintes de l’icône de la gauche latino-américaine avant même cet épisode. «  Sincèrement, j’ai peur de cette République de Curitiba. Parce qu’à partir d’un juge de première instance, tout peut arriver dans ce pays  », avait déclaré Lula dans une conversation téléphonique interceptée par le juge. Dans un entretien à l’Agence France-Presse en mars, Lula avait dénoncé la volonté des enquêteurs de l’opération «  Lavage express  » de «  criminaliser la politique  ».

Inspiré par l’Italie

Sergio Moro est né dans la ville de Maringa, près de Curitiba. Après des études de droit, il devient juge en 1996. Docteur et professeur universitaire, il complète sa formation à Harvard (États-Unis) et se spécialise dans les délits de blanchiment d’argent, fasciné par l’opération «  Mains propres  » qui a permis de démanteler dans les années 1990 en Italie un vaste réseau de corruption ayant éclaboussé le pouvoir. Décrit par ses pairs comme un magistrat bien préparé et déterminé, il est aussi critiqué pour son recours récurrent à la détention provisoire et aux accords avec des inculpés pour obtenir leurs confessions.

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Marié et père de deux enfants, le juge est devenu l’idole de millions d’opposants au gouvernement qui ont même fait figurer son visage sérieux sur des tee-shirts et banderoles portés pendant des manifestations contre la corruption.

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