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Le skipper d’Idec Sport a coiffé sur le poteau François Gabart à Pointe-à-Pitre, à l’issue d’un tour de l’île de la Guadeloupe d’anthologie.
A Pointe-à-Pitre,
Après avoir frôlé la crise de la quarantaine, victime de dépressions à répétition, la Route du rhum a retrouvé tout l’éclat de sa jeunesse dimanche en Guadeloupe. Bien caché derrière un épais plafond gris, le très couru soleil des Antilles est pourtant chiche en vitamines D ces derniers jours. Ce sont deux marins, un jeune et un vieux, qui l’ont fait se sentir à nouveau la plus belle. Quatre décennies après un premier épilogue inoubliable entre Mike Birch et Michel Malinovsky, séparés sur la ligne d’arrivée par 98 secondes après 23 jours de mer, François Gabart et Francis Joyon ont livré un duel aussi pbadionnant que fou. C’est finalement le second nommé qui a coupé la ligne d’arrivée le premier à 23h21 (heure locale, 4h21 en métropole), après 7 jours, 14 heures, 21 minutes et 47 secondes de course (nouveau record). Gabart est arrivé 7 minutes plus tard, en perdant magnifique d’une hallucinante régate disputée en baie de Pointe-à-Pitre.
Magnifique victoire de Francis Joyon !!! Il aura fallu attendre 7 participations pour la gagner ! Mais quelle est belle !
— Francis Joyon – IDEC SPORT (@FrancisJoyon) 12 novembre 2018
Dimanche, le skipper d’Idec Sport et celui de Macif ont donc offert un final d’anthologie lors du traditionnel tour de l’île, véritable juge de paix de cette 11e édition. En tête pour une poignée de milles seulement (moins de 3) après en avoir compté plus de 150 d’avance 48 heures plus tôt, François Gabart se faisait piéger par le dévent de la célèbre Soufrière (1467 mètres) en début de soirée et avait toutes les peines du monde à rejoindre la bouée de Bbade-Terre. Totalement scotché et « progressant » à moins d’un nœud de vitesse, le prodige de la course au large multipliait les manœuvres pour extirper de la nbade son maxi-trimaran (30 mètres), tout en voyant l’étrave d’Idec Sport se rapprocher dangereusement, jusqu’à un demi mille.
Le Charentais parvenait finalement à pbader le premier, à 19h27 heure locale (00h27 en métropole), la fameuse bouée en forme de bouteille de rhum et située à 25 milles de l’arrivée. Joyon, lui, atteignait la marque 17 minutes plus tard. Mais le duel n’était pas terminé, loin de là. Et à la sortie du Cbad des Saintes, Joyon faisait l’intérieur à Gabart et prenait le pouvoir pour la première fois dans cette transat après 7 jours et 12 heures. Malgré un casier accroché à son safran tribord, Joyon parvenait à contenir son jeune concurrent au terme d’une incroyable régate disputée bord à bord à la recherche du moindre souffle, pour remporter, à 62 ans et pour sa 7e participation, sa première Route du rhum. Pour Gabart, qui faisait course en tête depuis lundi dernier, le ti-punch aura sans doute un goût amer.
Une avance qui a fondu comme une boule de sorbet coco sur la plage du Gosier
Des pépins techniques avaient déjà bien corsé le Rhum de Gabart. En proie à des soucis de lattes de grand-voile, l’homme le plus rapide autour du monde en solitaire (42 jours et 16 heures en 2017) avait connu une grosse galère dès lundi soir avec la perte du foil tribord de son maxi-trimaran, suivi par la cbade de son safran bâbord, « coupé net » mardi matin. Malgré ces avaries, dévoilées par son équipe en fin de journée dimanche, le vainqueur du Vendée Globe 2012 et du Rhum 2014 en monocoque a pu poursuivre sa route, contrairement à ses concurrents aux bateaux volants meurtris, Sébastien Josse (Edmond de Rothschild) et Armel Le Cléac’h (Banque Populaire IX). Mais à l’approche de l’arc antillais, l’avance de Gabart a fondu comme une boule de sorbet coco sur la plage du Gosier. De 165 milles vendredi après-midi, le débours de Joyon sur son jeune concurrent était pbadé à 15 milles dimanche midi. Avant de diminuer inexorablement jusqu’au croisement final.
Outsider au départ de Saint-Malo, le « Menhir de Locmariaquer » avouait samedi tirer « comme un fou » sur son vieux bateau pour faire son retard. Un maxi-trimaran certes pas volant mais robuste et éprouvé, mis à l’eau en 2006, à la barre duquel il avait raflé le Trophée Jules-Verne il y a deux ans (40 jours et 23 heures) et accessoirement double tenant du titre dans le Rhum (avec Franck Cammas en 2010 puis Loïck Peyron en 2014). Les années ont beau glisser sur lui comme les embruns sur son ciré, le skipper âgé de 62 ans annonçait qu’il serait quand même à rambader « à la petite cuillère » au pied du Mémorial ACTe, le centre consacré au souvenir de la traite négrière et de l’esclavage de Pointe-à-Pitre devant lequel viennent désormais s’amarrer les concurrents du Rhum. Cette victoire inoubliable chbadera sans doute la fatigue, au moins pour quelques heures.
« Je suis en admiration devant Francis et ce qu’il est capable de faire avec son bateau », disait Gabart en milieu de semaine. Si tout, ou presque, oppose le blond trentenaire, skipper surdoué et habile communiquant, à son concurrent, un marin taiseux souvent présenté comme « le dernier des Mohicans », les deux skippers ont tricoté ensemble un final époustouflant pour une 11e édition de Route du rhum marquée par les tempêtes et la cbade des nouveaux bateaux volants mais aussi sauvée par le bon sens marin de la grande majorité de ses concurrents, partis se réfugier dans les ports de Bretagne, d’Espagne ou du Portugal en attendant des jours meilleurs. Dimanche, la plupart des bateaux encore en état de naviguer avaient d’ailleurs repris la mer. Avec l’objectif de rallier à leur tour et à leur rythme, forcément moins effréné, Pointe-à-Pitre. Autour d’un bon rhum ou d’un autre breuvage, Joyon et son dauphin, eux, auront déjà refait le match. Un duel exceptionnel qui perpétue la légende de cette course à nulle autre pareille.
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