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La première ministre britannique présente à son gouvernement son projet de divorce avec l’UE, déjà critiqué de toutes parts.
L’heure de vérité sur le Brexit est arrivée, 873 jours après le référendum. Après des jours d’attente et de reports, les principaux ministres ont été conviés un par un, mardi soir, à Downing Street par Theresa May pour prendre connaissance d’une ébauche d’accord sur le divorce avec l’Union européenne, avant d’en débattre ensemble lors d’un conseil des ministres extraordinaire, mercredi en début d’après-midi.
De la fumée blanche est enfin sortie de la salle de la Commission de Bruxelles où s’étaient retranchés depuis des semaines, dans un «tunnel» de négociations, l’émissaire de la première ministre, Olly Robbins, et son équipe, avec celle du représentant européen Michel Barnier. Les Vingt-Sept devraient réunir leurs ambbadadeurs en parallèle, puis leurs ministres des Affaires européennes en début de semaine prochaine.
Theresa May avait annoncé le «dénouement» proche, lors d’un discours dans la City lundi soir. Le conseil des ministres habituel du mardi s’était tenu sans grain à moudre. Mais les membres du gouvernement avaient reçu la consigne de se tenir prêts à revenir à Downing Street très vite. Les négociations se sont tendues ces derniers jours, expliquant ces reports en série. Theresa May aimerait pouvoir faire signer un «deal» par les Vingt-Sept, lors d’un sommet extraordinaire des chefs d’État et de gouvernement à Bruxelles d’ici à la fin novembre, puis le présenter pour ratification au Parlement britannique avant Noël. Si ce timing dérape, le risque redouté est de tomber dans une zone incertaine qui ferait s’accroître la probabilité d’une sortie de l’UE sans accord le 29 mars («no deal»).
À Bruxelles, on précisait que le texte à l’étude est «stabilisé» mais pas encore «finalisé». La principale percée porte, après des mois de blocage, sur le mécanisme («backstop» dans le jargon) destiné à empêcher le retour d’une frontière physique entre la province britannique d’Irlande du Nord et la République d’Irlande, membre de l’UE. La solution d’origine des Vingt-Sept consistant à conserver l’Ulster dans l’union douanière européenne avait été refusée par Londres, qui a proposé à la place que ce soit le cas pour l’ensemble du Royaume-Uni, afin de ne pas diviser son territoire intérieur.
Ça ou le «no deal»
Bruxelles a accepté, malgré les réticences de certains États membres, dont l’Irlande, qui y voient un régime de faveur pour un pays tiers. Dublin, très influent dans le bras de fer entre l’UE et le Royaume-Uni, estimait d’ailleurs mardi qu’un accord était loin d’être conclu.
Theresa May ne manquera pas de présenter cette disposition comme une concession majeure arrachée aux Européens, qui y trouvent pourtant leur compte sur le plan commercial. Un différend subsistait ces derniers jours sur la durée de ce régime provisoire, en attendant la conclusion d’un traité de libre-échange et la possibilité d’en sortir. L’accord prévoirait un mécanisme d’arbitrage entre l’UE et le Royaume-Uni pour trancher ce point.
Theresa May espère vendre sa solution à ses ministres comme le meilleur accord possible. Plusieurs d’entre eux, dont celui en charge du Brexit, Dominic Raab (même si les négociations sont en fait largement menées en direct par Downing Street), rejetaient jusqu’à présent les conditions «totalement inacceptables» imposées par les Européens. Pour le chef de file des «Brexiters», Boris Johnson, qui a claqué la porte du gouvernement dès juillet, l’accord «signifiera une reddition du Royaume-Uni». «Nous serons condamnés à rester dans l’Union douanière sous le contrôle réglementaire de Bruxelles», peste-t-il. Les mêmes justifications invoquées par son frère cadet, moins célèbre et partisan, lui, du maintien dans l’UE, Jo Johnson, en démissionnant à son tour du gouvernement vendredi.
L’obstacle du gouvernement
Mardi, il appelait dans le Times ses collègues à «prendre du recul sur ce processus lamentable et à se demander si le choix qui nous est offert entre la vbadalité (à l’UE) et le chaos (d’une sortie sans accord) peut vraiment représenter l’intérêt national». Quatre autres ministres proeuropéens songeraient aussi à la démission, de même qu’un ou deux «brexiters». C’est pourquoi Theresa May marche sur des œufs. Elle s’efforcera donc d’arracher l’approbation de son cabinet – même si certains doivent se boucher le nez – en lui rappelant les risques d’un «no deal». Le «Brexiter» Jacob Rees-Mogg appelle ces derniers à bloquer l’accord.
Après l’obstacle du gouvernement, la première ministre devra franchir celui, encore plus incertain, de la ratification par le Parlement. L’agitation monte. Les députés ont forcé mardi l’exécutif à publier l’argumentaire juridique de l’accord de retrait de l’UE – des milliers de pages de documents – pour ne pas être mis au pied du mur sans connaissance de cause. Et l’alternative présentée entre cet accord, tant attendu mais déjà si décrié, et le chaos d’un «no deal», est rejetée par les partisans, de plus en plus nombreux – dont Johnson Junior – d’un nouveau référendum sur le Brexit.
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