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Estimant que Aung San Suu Kyi a « trahi les valeurs qu’elle défendait autrefois », Amnesty lui a retiré le 12 novembre son prix prestigieux, dernier geste symbolique à l’encontre de la Nobel de la Paix 1991 qui lui est également contesté aujourd’hui.
À l’époque, Aung San Suu Kyi était en résidence surveillée depuis de longues années dans la maison familiale de Rangoun, sous la surveillance de la junte militaire. Elle avait été médaillée du prix Nobel de la paix en 1991 et, en 2009, Amnesty International lui avait décerné le prix d’« ambbadadrice de conscience » en « reconnaissance de sa lutte pacifique et non violente pour la démocratie et les droits humains ».
Près de dix ans plus tard, le 12 novembre 2018, en dépit d’un processus démocratique encourageant mais à cause de « multiples violations des droits de l’homme » observées depuis son arrivée au pouvoir en 2016, Amnesty a décidé de lui retirer ce prix prestigieux estimant qu’elle avait « trahi les valeurs qu’elle défendait autrefois ».
« Vous ne représentez plus un symbole d’espoir… »
Dans un courrier adressé directement à Aung San Suu Kyi, le secrétaire général de l’ONG, Kumi Naidoo, sud-africain, écrit qu’« en tant qu’ambbadadrice de conscience d’Amnesty International, nous espérions que vous utiliseriez votre autorité morale pour dénoncer l’injustice partout où vous la verriez, même en Birmanie ». Il ajoute alors : « Nous sommes consternés de constater que vous ne représentez plus un symbole d’espoir, de courage et de défense indéfectible des droits de l’homme ; nous vous retirons donc ce prix avec une profonde tristesse ».
« Mon pays, la Birmanie ne vit pas en paix ».
Par ce geste d’une portée symbolique très forte, Amnesty entend dénoncer les « multiples violations des droits de l’homme » observées depuis l’arrivée de Aung San Suu Kyi à la tête du gouvernement birman en 2016.
Plus de 700 000 Rohingyas ont dû fuir en 2017 les exactions commises par des militaires birmans et des milices bouddhistes et se sont réfugiés au Bangladesh voisin où ils vivent depuis dans d’immenses campements de fortune. L’ONU a dénoncé un « génocide » et a appelé à des poursuites devant la justice internationale contre des généraux birmans.
Ancienne icône de la démocratie, Aung San Suu Kyi a été critiquée pour sa froideur, son manque de compbadion et d’action devant le sort réservé aux musulmans Rohingyas. Elle n’a jamais condamné ces violences et a parlé d’un « iceberg de désinformation » sur ce génocide en cours dans son pays.
Les gestes symboliques se multiplient contre Aung San Suu Kyi
Déchue de son prix, Aung San Suu Kyi n’a pas réagi alors qu’elle se trouve à Singapour pour un sommet régional où le vice-président américain Mike Pence a jugé « inexcusables » les violences contre les Rohingyas.
Depuis un an, les gestes symboliques se multiplient à l’encontre de la Nobel de 1991 : le Canada et plusieurs villes britanniques, dont Glasgow, Édimbourg et Oxford, lui ont notamment retiré ses titres de citoyenne d’honneur, et le musée de l’Holocauste de Washington l’a privée de son Prix Elie Wiesel.
Aung San Suu Kyi ne défend pas la liberté de la presse
Une pétition pour lui retirer son Nobel de la paix
Ainsi certains se demandent désormais si Aung San Suu Kyi ne pourrait pas être déchue de son prix Nobel de la paix 1991. Une pétition signée par près de 350 000 personnes dans le monde le demande, mais l’Institut Nobel norvégien, qui définit les conditions d’attribution de cette distinction est catégorique : « Il est impossible de révoquer un prix Nobel de la paix », a affirmé le directeur de l’Institut Olav Njolstad. Une telle possibilité n’est ni mentionnée dans le testament de l’éminent chimiste et fondateur du prix, Alfred Nobel, ni dans la charte d’attribution du prix.
« Aucun recours ne peut être formé contre la décision d’un organisme d’attribution d’un prix », précise-t-elle au paragraphe 10. En dépit de plusieurs polémiques notamment au sujet de Barack Obama (2009), de Ybader Arafat (1994) ou Henry Kissinger (1973), « aucun des comités d’attribution de prix à Stockholm et à Oslo n’a jamais envisagé de révoquer un prix une fois attribué », souligne le directeur de l’Institut Nobel.
Dorian Malovic
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