Affaire Khashoggi : Angela Merkel met ses canons dans la balance



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Tant que l’affaire Khashoggi n’est pas éclaircie, Berlin songe à suspendre ses ventes d’armes à l’Arabie Saoudite. «Je suis d’accord avec tous ceux qui disent que les exportations d’armes ne peuvent pas intervenir dans la situation où nous nous trouvons, même si ces ventes sont d’ampleur limitée», a averti Angela Merkel au siège de la CDU, dimanche soir. Cette déclaration intervient peu de temps après un communiqué conjoint de Paris, Londres et Berlin estimant qu’il y a «un besoin urgent de clarification» sur les circonstances de la mort «inacceptable» de ce journaliste saoudien au consulat de son pays en Turquie.

Sanctions

Le matin même, dans les colonnes de la Welt am Sonntag, le président de la commission des affaires étrangères du Bundestag, Norbert Röttgen (CDU), affirmait, de manière un peu plus musclée, que si Riyad ne prenait pas de mesures «à très court terme», l’Allemagne mettrait fin à ses ventes d’armes à l’Arabie Saoudite – y compris celles déjà scellées. Ajoutant que le gouvernement fédéral pourrait également envisager, en concertation avec l’UE et l’Otan, de nouvelles sanctions contre Riyad, telles que l’expulsion de diplomates.

Lundi matin, le ministre fédéral de l’Economie et de l’Energie, Peter Altmaier (CDU), renchérissait : «Nous n’allons pas approuver davantage d’exportations d’armes pour le moment car nous souhaitons savoir ce qui s’est pbadé.» Ajoutant, à l’attention de ses homologues européens : «Pour moi, il est très important de parvenir à une position commune au sein de l’UE. Ce n’est que si les pays européens se mettent d’accord que nous pourrons avoir un impact sur le gouvernement à Riyad. Il n’y a aucun effet positif si nous restons les seuls à arrêter les exportations.» L’Allemagne a autorisé, entre janvier et fin septembre, 416,4 millions d’euros d’exportations d’armes vers l’Arabie Saoudite. Cependant, Berlin est loin d’être le plus important vendeur de matériel de guerre à destination du royaume. Selon les données recueillies à Stockholm par l’Institut de recherche indépendant consacré au contrôle des armes, Riyad a importé environ 2 % de ses armes depuis l’Allemagne entre 2013 et 2017. Ses plus gros pourvoyeurs sont les Etats-Unis (61 %) et le Royaume-Uni (23 %). Loin derrière mais en troisième position, la France, avec environ 4 %. Les effets de cette annonce sur les importations devraient donc être badez limités.

Equilibriste

Reste que le sujet suscite de nombreuses réactions politiques outre-Rhin. Cela fait des mois que la coalition gouvernementale souhaite mettre fin à ce type de commerce. D’autant qu’il fait l’objet de tensions toujours plus grandes entre conservateurs et sociaux-démocrates. En effet, depuis mars, date de la constitution du nouveau gouvernement, le montant des exportations d’armes vers l’Arabie Saoudite s’élève à 254 millions d’euros.

Or on peut lire dans l’accord de coalition signé au printemps, dans le chapitre consacré aux ventes d’armes : «Désormais, nous n’approuverons plus les exportations vers les pays impliqués dans la guerre au Yémen.» C’est le cas de l’Arabie Saoudite. Ainsi, lorsque le Spiegel révélait en septembre que le gouvernement avait autorisé l’exportation d’armes à plusieurs pays impliqués dans la guerre au Yémen, l’opposition, des Verts à Die Linke, s’est indignée. Comme souvent depuis la formation de cette coalition gouvernementale, le SPD s’est retrouvé dans une position d’équilibriste, tiraillé entre une base qui désapprouve ces contrats, et le désir de préserver les intérêts économiques du pays. Ces tensions pourraient donc enfin s’apaiser.

Autre sujet d’âpres discussions depuis le début de l’affaire Khashoggi, la venue programmée du PDG de Siemens, Joe Kaeser, à un sommet sur les investissements, estampillé «Davos du désert», organisé cette semaine en Arabie Saoudite. Ces derniers jours, la clbade politique dans son ensemble, de la cheffe du SPD, Andrea Nahles, au CDU Norbert Röttgen, lui a déconseillé de s’y rendre. Finalement, lundi, le patron a annoncé boycotter l’événement.


Johanna Luyssen correspondante à Berlin



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