Antibiorésistance : il échappe à l’amputation grâce à la phagothérapie



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Durant toutes ces années, à traîner sa vilaine jambe infectée, Christophe se souvient d’une douleur en particulier : « Ce qui était le plus dur, c’est que je n’avais pas mon destin en main ». Le « canard boiteux », comme le baptisaient méchamment ses camarades à l’école, a toujours vécu « autrement ».

Depuis que le petit garçon de 9 ans a été fauché par une voiture en Côte d’Ivoire, l’adulte a dû continuer à marcher avec une plaie ouverte, déversant son pus quotidien. A supporter le rituel des pansements et ses 49 opérations jusqu’à 47 ans. Elles n’auront pas suffi à déloger le pernicieux staphylocoque doré qui cbadait son fémur, rongeait son os, sa chair et sa vie. « A force, le badtail d’antibiotiques que je recevais en continu ne fonctionnait plus ; il glissait sur moi comme de l’eau sur une toile cirée ».

Lorsqu’en 2013, un médecin, désarmé, lâche le mot « amputation », Christophe s’écroule. « Je me suis avancé sur mon fauteuil roulant jusqu’à la première pièce vide de l’hôpital et j’ai pleuré, j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps. Et puis, je me suis dit non, il reste forcément une dernière chose à tenter ».

Une cagnotte sur les réseaux sociaux pour partir à Tbilissi

Il décide pour la première fois de reprendre son destin en main, il ne sacrifiera pas sa jambe. C’est alors que sa belle-sœur lui parle d’un reportage vu à la télé sur la phagothérapie en Géorgie : « Tiens, on dirait ton histoire », lui dit-elle.

L’informaticien, qui n’en a jamais entendu parler, contacte aussitôt une badociation. Coût du voyage : 8000 euros. S’il n’a pas les ressources, lui en est plein. Christophe lance, avec humour, son propre Téléthon, le « totof thon », une cagnotte sur les réseaux sociaux, fait les fonds de tiroir et une fois l’argent ambadé, il s’envole vers Tbilissi, en juin.

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A-t-il eu raison ? S’interroge-t-il sur place. Pendant quinze jours, un taxi, transformé en ambulance, vient le chercher tous les matins. Avec quatre autres patients à bord, direction une sorte de dispensaire de la capitale : une maison à la façade rudimentaire qui abrite un mini-bloc opératoire au sous-sol.

Les douleurs s’estompent au bout de 15 jours

On lui fait avaler des fioles de phages, on lui étale des pommades, on le perfuse avec des vitamines, on lui découvre aussi cinq bactéries multirésistantes. Huit jours plus tard, le « cas désespéré » abandonne son fauteuil roulant, les douleurs s’estompent. Au bout de quinze jours, « vous pouvez reprendre l’avion », lui annonce le médecin géorgien. « Ça a foiré ? », s’angoisse Christophe, « vous n’avez pas compris, reprend-il, vous êtes guéri ».

Ce mot-là, le Français ne l’avait jamais entendu. Guéri, vraiment ? Il repart avec sa valise et ses doutes. En écoutant ce miracle, son généraliste le dévisage, méfiant. La phagothérapie, il ne connaît pas. Mais les résultats sanguins de Christophe lui font lever un sourcil. Il n’y a plus d’infection. Incroyable. Le grand malade peut enfin être opéré de sa fracture à la jambe.

« Il faut à tout prix développer les phages »

« J’ai mis beaucoup de temps à atterrir, à m’appuyer dessus, à me dire que je pouvais ressortir avec mes chiens, regarder les petits oiseaux chanter ». C’est le point final d’une terrible parenthèse de quarante ans. Pas celui de son combat. Christophe a créé une badociation* pour aider les autres malades à partir se soigner en Géorgie. Une vingtaine de personnes sont déjà parties.

« Il faut à tout prix développer les phages, exhorte-t-il. Pardon mais aujourd’hui, on est dans la merde, les bactéries deviennent super-fortes ». Dans son cas, elles auront finalement rendu les armes. Et depuis, sa jambe gauche, que l’on disait perdue, l’emmène toujours plus loin.

* Phages sans frontières. Un autre site existe : « Se soigner en Géorgie ».



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