Asia Bibi est libre depuis une semaine, mais où est-elle passée ?



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La Pakistanaise Asia Bibi est libre depuis une semaine. Cette mère de famille chrétienne aujourd’hui quinquagénaire a pbadé huit ans dans le couloir de la mort après avoir été condamnée pour blasphème en 2010.

Après plusieurs années de détention, la Cour Suprême du Pakistan l’a acquittée le 31 octobre et elle a été libérée de sa prison de Multan et transférée dans un endroit inconnu. Le verdict a provoqué la fureur des milieux religieux extrémistes du pays.

La vie d’Asia Bibi serait considérée comme en grave danger si elle devait rester dans le pays. Où se trouve-t-elle ? En a-t-elle fini avec la justice ? Peut-elle quitter le Pakistan ? Voici ce que l’on sait à ce stade.

Où se trouve Asia Bibi ?

On l’ignore exactement. Selon des rumeurs, elle aurait déjà fui le Pakistan. Certaines, photos à l’appui, vont jusqu’à affirmer qu’elle aurait même rencontré le pape François. Un factcheck de l’AFP a démontré que ces photos montrent en réalité sa fille et sont vieilles de plusieurs mois.

Le gouvernement pakistanais badure pour sa part qu’elle est toujours dans le pays, en sécurité, et qu’elle ne peut quitter le pays avant une ultime étape judiciaire : une requête en révision du jugement d’acquittement.

Le ministre des Affaires étrangères Shah Mehmood Qureshi l’a répété ce mercredi à Islamabad :

“Nous l’avons expliqué auparavant et nous l’expliquons à nouveau. Elle n’est pas partie à l’étranger. Elle est ici. Il n’y a pas de controverse.”

Quant au Premier ministre pakistanais Imran Khan, après avoir dénoncé avec force le comportement violent des islamistes au début des manifestations, il s’est limité à appeler au respect du jugement et au dialogue inter-religieux.

La procédure judiciaire est-elle terminée ?

Non, le verdict de la Cour suprême fait l’objet d’une requête en révision déposée par un religieux du nom de Qari Salam. Il s’agit essentiellement de vérifier si aucune erreur procédurale ou administrative n’a été commise lors du jugement.

Si ce n’est pas le cas, le verdict d’acquittement sera définitif. Selon l’avocat d’Asia Bibi, Saif ul-Mulook, un nouveau coup de théâtre apparaît très peu probable.

Où peut-elle aller ?

Aucune certitude en la matière, mais il semble que des discussions autour d’un départ à l’étranger d’Asia Bibi soient en cours.

Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a indiqué cette semaine à que son pays était “en discussions” avec les autorités pakistanaises pour éventuellement l’accueillir.

“Je ne veux pas me prononcer plus là-dessus parce que c’est très délicat, mais comme vous savez très bien, le Canada est un pays qui accueille”, a-t-il déclaré.

Au Pakistan, le parti extrémiste Tehreek-e-Labaik Pakistan (TLP), principal inspirateur des manifestations de début novembre, a fustigé cette annonce : “Nous nous opposons fermement ne serait-ce qu’à sa libération. Et c’est l’avis de millions de musulmans pakistanais”, a déclaré son porte-parole Ijaz Ashrafi.

Pakistan : il faut sauver Asia Bibi et sa famille !

Tout pays qui accueillerait Asia Bibi (la France s’est proposée de la recevoir) pourrait ainsi s’exposer à des réactions hostiles de la part des fondamentalistes pakistanais.

Plus tôt cette semaine, les Pays-Bas ont déjà annoncé avoir rapatrié plusieurs membres de leur ambbadade au Pakistan en raison de menaces persistantes d’islamistes rendus furieux par des tweets anti-islam du député néerlandais d’extrême droite Geert Wilders.

Le Pakistan souhaite-t-il son départ ?

Oui et non. Les extrémistes continuent de manifester sporadiquement – mais pacifiquement – pour réclamer l’exécution d’Asia Bibi. Il ont également appelé au meurtre des juges de la Cour suprême et à une mutinerie de l’armée.

Des milliers d’islamistes étaient par exemple descendus dans les rues début novembre, paralysant le pays trois jours durant, jusqu’à ce qu’un accord controversé soit signé avec le gouvernement d’Imran Khan (le gouvernement s’est notamment engagé à lancer une procédure visant à interdire à Asia Bibi de quitter le territoire

Le parti TLP menace de bloquer à nouveau les rues si elle part à l’étranger.

Mais d’autres appellent au calme. Dans une lettre ouverte publiée ce week-end, un influent mufti, Rafi Usmani, plaide pour sa part pour le respect du verdict de la Cour suprême. “Le verdict concernant la requête en révision sera définitif et doit être accepté sans réserve, conformément à la charia”, a-t-il écrit dans cette lettre publiée par le quotidien “The News”.

G.S. (avec AFP)

L'Obs



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