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À quelques jours du second tour de l’élection présidentielle au Brésil, Fernando Haddad, le candidat de gauche s’en est pris à son rival Jair Bolsonaro. Il l’accuse d’avoir mis en place une « organisation criminelle » grâce à de « l’argent sale ». Cela aurait servi à diffuser une très grande quantité de faux messages sur la messagerie instantanée WhatsApp.
La campagne présidentielle au Brésil pourrait ainsi se retrouver au cœur d’une polémique sur une possible manipulation de l’électorat à travers les réseaux sociaux, comme celles qui ont entaché en 2016 la présidentielle aux États-Unis ou le référendum du Brexit au Royaume-Uni.
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Fernando Haddad, candidat du Parti des travailleurs (PT), a lancé son attaque contre le candidat d’extrême droite Jair Bolsonaro, grand favori du second tour, après que le quotidien Folha de S. Paulo a révélé que des entreprises avaient financé des envois en mbade de messages anti-PT sur WhatsApp avant le premier tour du 7 octobre. Une nouvelle offensive serait prévue pour la semaine prochaine, avant le second tour du 28 octobre, ajoute le quotidien pauliste. Des compagnies auraient acheté des « contrats » pour diffuser des centaines de milliers de messages de propagande de Bolsonaro, à un prix pouvant atteindre 12 millions de réais (2,8 millions d’euros) par contrat. La loi électorale proscrit au Brésil le financement des campagnes par les entreprises. Si cette pratique était avérée, elle constituerait un délit.
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Lors d’une conférence de presse à São Paulo, Haddad a dénoncé « les centaines de milliers de messages envoyés aux électeurs […], tous faux, pour influer sur le vote ». « Dans n’importe quel pays, cela serait un scandale énorme, qui pourrait mener à une invalidation de candidature », a lancé Fernando Haddad, qui va saisir la justice électorale.
Sabíamos que milhões de notícias falsas estavam sendo distribuídas, só não sabíamos quem estava patrocinando. Se um dos empresários for preso, eu tenho certeza que vai abrir a boca e falar a mando de quem fez o que fez.
— Fernando Haddad 13 (@Haddad_Fernando) 18 octobre 2018
Cabe ao TSE tomar providências. Temos 3 personagens envolvidos: quem pagou, quem recebeu pra disparar e o próprio WhatsApp, que é uma tecnologia que não pode ser usada como instrumento para violar a soberania popular. E ainda há indícios de novo ataque na semana que vem.
— Fernando Haddad 13 (@Haddad_Fernando) 18 octobre 2018
L’entourage de Bolsonaro a nié toute responsabilité. « Ce n’est pas raisonnable qu’à chaque fois qu’il se pbade quelque chose [Bolsonaro] soit désigné responsable », a dit Thiago Ayres, son avocat, au quotidien Valor. Au même moment, l’ex-capitaine de l’armée réagissait sur Twitter : « Le PT ne souffre pas des fausses informations, mais de la VÉRITÉ. »
O PT não está sendo prejudicado por fake news, mas pela VERDADE. Roubaram o dinheiro da população, foram presos, afrontaram a justiça, desrespeitaram as famílias e mergulharam o país na violência e no caos. Os brasileiros sentiram tudo isso na pele, não tem mais como enganá-los!
— Jair Bolsonaro 1️⃣7️⃣ (@jairbolsonaro) 18 octobre 2018
« Organisation criminelle »
Fernando Haddad a ajouté qu’il avait déjà détecté une « campagne de calomnie appuyée par de l’argent sale » contre lui sur WhatsApp, mais que la situation avait empiré. « Le niveau des ressources et le nombre d’entreprises impliquées dans ce complot sont très élevés », a-t-il lancé, évoquant le chiffre de 156 compagnies. Les messages ont été envoyés grâce aux bases de données personnelles d’utilisateurs fournies par l’équipe de Bolsonaro ou achetées à des agences de stratégie numérique, selon Folha. WhatsApp, qui appartient à Facebook, est immensément populaire au Brésil, avec au moins 120 millions d’utilisateurs.
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« Folha a prouvé aujourd’hui que le député Bolsonaro a créé une véritable organisation criminelle avec des entreprises qui […], avec de l’argent sale, vont parrainer des avalanches de messages mensongers sur WhatsApp », avait tweeté auparavant Haddad. Pour Sergio Amadeu, membre du Comité de gestion d’internet au Brésil, il s’agit « d’une campagne de désinformation […] qui vient aussi de l’étranger ». « Elle est très semblable à celle vue aux États-Unis, mais plus sophistiquée […], car elle est proche de la culture politique brésilienne, qui, en ces temps de crise, fait appel à la haine », selon lui.
« On reçoit beaucoup d’informations, même fausses, certaines vraies aussi, sur la politique. Mais je ne crois pas que cela influence trop nos décisions », dit Ana Clara Vale, une électrice de Bolsonaro âgée de 27 ans, interrogée à Rio. Andre de Souza, qui pourrait lui aussi voter pour le député, reçoit quelque 500 messages WhatsApp par jour, pour et contre les deux candidats. « Ça ne fait pas de différence pour moi », dit-il lui aussi. « Mais ma mère a reçu un message disant que Bolsonaro supprimerait le 13e mois et elle l’a cru ! »
Bolsonaro dispose d’une considérable force de frappe sur les réseaux sociaux où il mène l’essentiel de sa campagne, avec 14 millions d’abonnés sur Facebook, Instagram et Twitter. Haddad n’en a que 2,8 millions. Le directeur de Datafolha, Mauro Paulino, a affirmé sur Twitter que l’institut de sondages avait « vu des mouvements de dernière minute dans les tendances » avant le premier tour.
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Jair Bolsonaro a largement remporté le premier tour avec 46 % des voix, contre 29 % à Haddad. Pour le second, les sondages lui prédisent une très confortable victoire. La direction de son parti a redit, jeudi, le refus de Bolsonaro de participer au moindre débat télévisé avant le second tour, invoquant « l’état de santé » du candidat, toujours en convalescence après l’attaque au couteau dont il a été victime début septembre en plein meeting.
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