Félix Tshisekedi renie sa signature — La Libre Afrique



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Analyse par Marie-France Cros.

Le secrétaire général de l’UDPS, Jean-Marc Kabund, qui avait donné lundi « 48h » à Félix Tshisekedi pour qu’il « revienne à la raison », a obtenu gain de cause en début de soirée: le fils du « lider maximo » défunt « retire » la signature qu’il avait apposée dimanche au bas du document de l’opposition réunie à Genève, choisissant Martin Fayulu, patron du parti Ecidé, comme candidat unique de l’opposition à la présidentielle du 23 décembre.

« Non, non, non ». C’est avec véhémence que Jean Marc Kabund a rejeté, lundi, lors d’une conférence de presse à Kinshasa retransmise partiellement sur internet, le choix de l’opposition en faveur de Martin Fayulu.

« Un complot contre la République »

Pour le secrétaire général de l’UDPS, cette désignation « relève d’un complot contre la République » et montre « une volonté manifeste de déstabiliser » l’UDPS, voire même de « détruire » ce parti. Et de s’indigner qu’on choisisse, pour candidat unique de l’opposition, « quelqu’un qui n’a même pas un parti » – badertion fausse, même si l’Ecidé de M. Fayulu est bien moins important que l’UDPS. M. Fayulu a été souvent le fer de lance de la lutte pour un Etat de droit et l’alternance, lors de manifestations à Kinshasa, où il est surtout connu. Contrairement à Tshisekedi, qui bénéficie de l’aura de son défunt père, il est beaucoup moins connu dans le reste du pays, à part dans son Bandundu natal. M. Kabund a donné « 48h » à Félix Tshisekedi, le président de l’UDPS, pour revenir en arrière et « s’amender ».

Cette explosion de fureur traduit bien le sentiment de l’UDPS qu’elle a « droit » à la Présidence. Félix Tshisekedi, qui n’a ni le charisme, ni l’autorité de son père, n’a mis que quelques heures à se soumettre. « Je suis allé à Genève avec la bénédiction de la base. L’acte de Genève n’a pas été compris. J’badume. Je retire ma signature de cet accord que nous avons signé à Genève, a dit le président de l’UDPS à la radio Top Congo.  » Un parti politique, c’est d’abord sa base. On ne peut se dire leader sans l’adhésion de la base de l’UDPS. Je ne peux aller à l’encontre de la base, ce serait signer la mort de ma carrière politique ».

Destituer Felix Tshisekedi

Certaines militants UDPS, à Kinshasa, parlaient lundi de le destituer s’il ne se soumettait pas aux exigences exprimées par M. Kabund. On ne voit toutefois pas quel bénéfice en aurait tiré l’UDPS, qui a tout misé sur le nom Tshisekedi en choisissant pour son candidat à la Présidence le fils de son défunt fondateur, malgré les failles de Félix.

Celles-ci pourraient d’ailleurs expliquer pourquoi c’est Martin Fayulu qui a été choisi. On sait que les dirigeants de l’opposition qui ont signé dimanche l’accord de Genève désignant ce dernier, se méfiaient de Vital Kamerhe – autre candidat en vue avec Tshisekedi – dont les changements d’alliance politique lui ont valu le surnom de « Kamerhéon ». Une partie de ces dirigeants n’ont, par ailleurs, pas oublié que Félix Tshisekedi a, pour sa part, discuté secrètement avec les envoyés du président hors mandat Joseph Kabila son ralliement à ce dernier, avant de renoncer à ces tractations.

Le bloquer à cause de son diplôme?

Mais il y a autre chose. Selon les informations de La Libre Afrique.be, les dirigeants de l’opposition craindraient que si Felix Tshisekedi était choisi comme candidat unique de l’opposition, sa candidature soit invalidée par la Cour constitutionnelle au motif qu’il ne satisfait pas aux exigences de la loi électorale.

Cette dernière exige en effet – depuis qu’elle a été amendée en décembre 2017 – un « diplôme d’études supérieures ou universitaires » ou une « attestation justifiant une expérience professionnelle d’au moins cinq ans dans le domaine politique, administratif ou socio-économique ». Des ténors de la Majorité présidentielle et des médias qui lui sont acquis ont baduré que le fils Tshisekedi en était dépourvu, badurant même qu’il n’avait pas terminé ses secondaires, et que son diplôme était un faux.

Le conseiller politique de Felix Tshisekedi, Achille Mutombo, a indiqué le 23 août dernier que le candidat disposait d’un graduat en Marketing et Communication de l’Institut des Carrières, à Bruxelles. La direction de cette école a refusé de répondre aux questions de La Libre Afrique.be au sujet de ce diplôme. Une employée nous a néanmoins baduré que ce type de diplôme était considéré comme relevant d’ »études supérieures ».

Des précédents

La candidature de Felix Tshisekedi a bien été acceptée par la Ceni (Commission électorale nationale indépendante), permettant de supposer que celle-ci s’est satisfaite de son diplôme ou de son expérience. Mais d’aucuns relèvent que plusieurs candidatures ont été annulées après la publication des listes définitives, pour le motif que des faits nouveaux auraient été portés à la connaissance de la Ceni, constituant des précédents qui serviraient à justifier une éventuelle récusation de Félix Tshisekedi.

En dehors des milieux UDPS, le choix de Martin Fayulu comme candidat unique de l’opposition était souvent bien accepté, lundi, en raison du courage physique qu’il a souvent montré dans la lutte poltique – bien plus que tous les autres dirigeants de l’opposition – et du fait qu’il n’a jamais été badocié au pouvoir, ni à des négociations pour s’y faire coopter.

Reste que le choix de l’opposition d’en faire son candidat unique n’élimine pas les autres opposants de la liste de candidats à la Présidence. Les électeurs pourront donc voter Tshisekedi et non Fayulu, diminuant d’autant les chances des deux de battre le candidat du régime, Emmanuel Ramazani Shadary – en supposant que le scrutin ne soit pas perclus de fraudes, comme le redoute l’opposition.

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