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CINÉMA – “Flamboyant”, c’est le mot qui revient le plus souvent pour le décrire. “Précurseur, très drôle, outrancier, attentionné. C’était un homme à part. Il était l’un des plus grands leaders de groupe de rock au monde”, dira son ami Elton John à sa mort. Mythique, charismatique, Freddie Mercury est devenu la légende du rock qu’il voulait être adolescent.
Il était aussi l’homme de tous les excès, une personnalité sulfureuse sur scène et en dehors, à la vie privée tumultueuse. Ce qui vaut au film “Bohemian Rhapsody”, en salle ce mercredi 31 octobre, de nombreuses critiques, lui reprochant de tourner au “biopic hollywoodien” trop lisse, regrettant que l’intimité agitée du chanteur ne soit édulcorée.
Attendu depuis des années par des millions de fans du groupe, qu’est-ce que ce biopic nous fait découvrir ou continue de nous cacher sur Farrokh Bulsara, le vrai nom du chanteur, et sur Queen?
Un Freddie Mercury “tous publics”
Les membres du groupe Queen sont coproducteurs du film de Bryan Singer, ils ont donc pu contrôler le scénario. Le guitariste Brian May a expliqué dans une interview qu’ils étaient plutôt contre ce projet à l’origine, car il était difficile selon eux de rendre justice à Mercury. Mais les membres du groupe ont pris conscience que s’ils ne le faisaient pas, quelqu’un d’autre s’en chargerait sans garantie de résultat.
Leur but était de réaliser un film tous publics qui laisse une image positive de Mercury et fbade découvrir Queen aux nouvelles générations. C’est d’ailleurs ce qui a provoqué la rupture avec l’acteur Sacha Baron Cohen, pressenti à l’origine pour être l’interprète principal vu sa ressemblance physique avec le chanteur. Il a ainsi expliqué son retrait du projet: “Il y a de fantastiques histoires à propos de Freddie Mercury. C’était quelqu’un de sauvage. Il avait un style de vie totalement décadent, débauché. Il y a des histoires de nains qui circulaient, portant des plateaux remplis de cocaïne sur leur tête durant certaines fêtes, mais Brian May et Roger Taylor voulaient un film plus édulcoré que la réalité”. Ces fêtes extravagantes ont été décrites par ses amis, comme le parolier Tim Rice: “Il donnait des soirées délirantes. Mais je devrais sûrement consulter mon avocat avant d’en dire plus!”, dit-il dans le documentaire “Freddie Mercury, l’histoire secrète”, qui montre les images d’une fête orgiaque à la Fellini donnée lors de ses 39 ans.
“Mercury était quelqu’un de sauvage. Il avait un style de vie totalement décadent. Il y a des histoires de nains qui circulaient, portant des plateaux remplis de cocaïne sur leur tête durant certaines fêtes” a raconté l’acteur Sacha Baron Cohen.
Pour avoir montré dans son film “Saint-Laurent” les années de débauche du grand couturier et de son amant Jacques de Bascher durant la période Palace, le réalisateur Bertrand Bonello a aussi été critiqué et le film désavoué par Pierre Bergé. C’est le dilemme des biopics. Le film n’évoque donc que vaguement les années 80 trash, bade et défonce vécues par Freddie Mercury à New York et Munich.
L’homme derrière la star
Le film fait découvrir un Freddie quotidien, espiègle, sensible, chez qui l’on sent une faille affective sans doute à l’origine de ses excès et de ses dépendances. Il avait déclaré dans une interview: “Quand on me voit sur scène, on a l’impression que je suis quelqu’un d’arrogant. Alors que là, devant vous, vous voyez bien que je suis plutôt quelconque!”
Le film, qui dure 2h15, commence au moment où Mercury rencontre à Londres le groupe Smile où jouaient Brian May et Roger Taylor. Il ne retrace pas l’enfance du chanteur à Zanzibar et ses huit années de pensionnat en Inde, où ses parents l’envoyèrent pour lui donner une bonne éducation mais où il se sentit très seul.
Le biopic se concentre sur les années 1970 à 1985, considérées par la production comme les plus importantes pour Freddie Mercury et pour le groupe.
Rami Malek, un interprète au diapason
Il avait la pression. Celle de devoir jouer l’un des super-héros du rock, l’un des meilleurs chanteurs du XXème siècle.
La puissance et la virtuosité de la voix de Mercury expliqueront ses incursions dans le domaine de l’opéra avec Montserrat Caballé. Les performances vocales du film utilisent à la fois des interprétations de Malek, celles d’un imitateur de Mercury et des enregistrements du chanteur lui-même.
Autre difficulté, Malek a dû interpréter devant les membres de Queen l’homme qui leur avait été si cher. S’il n’a pas la carrure physique de Mercury, Malek en reproduit l’énergie, au point de finir à bout de souffle lors de la reconstitution du concert “Live aid”, comme il le confiera. Il s’approprie à la perfection sa gestuelle virile et offensive de dieu de la scène, qu’une “coach mouvements” l’a aidé à imiter dans les moindres détails. L’acteur parvient à transmettre le frisson extatique qu’une performance de Mercury pouvait donner en live.
“Sa moustache nous a fait plus de publicité que s’il s’était suicidé!”, plaisantera le batteur de Queen, Roger Taylor.
En studio avec Queen
Le biopic donne à voir le groupe Queen comme une “famille”, malgré les conflits. Il met en scène le processus créatif de ce groupe audacieux, l’un des plus emblématiques du “stadium rock”, avec la reconstitution drolatique de l’enregistrement du titre inclbadable “Bohemian Rhapsody”, un opéra-rock indiffusable à la radio en raison de son format non standard de 6 minutes.
Il révèle que les musiciens cherchaient à produire des chansons qui interagissent avec le public, comme “We will rock you” (les premières mesures correspondant à deux battements de pied/un battement de mains), rappelant que nombre de leurs titres s’apparentent davantage à des hymnes invitant à la communion qu’à de simples tubes.
Son histoire d’amour avec Mary Austin enfin racontée
Elle a 19 ans, il en a 24, et il la rencontre alors qu’il est encore étudiant en art. C’est elle qui va lui donner confiance en lui et l’aider à devenir lui-même. Ils restent six ans ensemble avant qu’il n’badume véritablement son homobadualité. Mais elle sera toute sa vie la personne la plus proche de lui, “l’amour de sa vie” comme il le chante dans “love of my life”. Il lui léguera l’essentiel de sa fortune, environ dix millions d’euros, et sa propriété de Kensington à Londres où elle vit toujours (d’une valeur de 23 millions d’euros).
Son homobadualité plus ou moins affichée
Il l’aurait confiée deux fois dans la presse, et il aurait choisi le nom de Queen “parce que c’était scandaleux”.
Comme l’illustre le film, au début de sa carrière Freddie Mercury a le look typique des rockers des années 70, cheveux longs et tenues psychédéliques. Dès les années 80 il badume, en même temps que son homobadualité, le look “castro clone” popularisé par les Village People, moustache, cuir, débardeur, cheveux courts, jean et baskets, rappelant la virilité d’un homme d’extraction prolétaire. Ce qui fit dire au batteur Roger Taylor dans une interview: “sa moustache nous a fait plus de publicité que s’il s’était suicidé!”.
Les années sida sont tues
Le film s’arrête au “Live Aid”, le concert mythique du 13 juillet 1985, le sommet de la carrière de Queen. Freddie Mercury n’avait pas voulu révéler sa séropositivité pour préserver sa vie privée et celle de ses proches. Il le fera la veille de sa mort, le 23 novembre 1991, à 45 ans.
On lui fit le reproche de ne pas avoir été un militant homobaduel, de ne pas avoir servi de porte-drapeau pour que le sida soit mieux accepté dans la société. À sa décharge, l’homobadualité était considérée comme un crime jusqu’à ses 20 ans et le sida était vu comme une maladie honteuse. L’une de ses proches expliquera dans un documentaire: “Freddie vivait sa vie comme il le voulait, il n’avait pas spécialement envie d’être le fer de lance du mouvement homobaduel”. Le sujet du sida est abordé sans être approfondi. Le film lui reste ainsi fidèle, et tait ce qui lui appartient.
Malgré les critiques que l’on peut faire au biopic, l’interprétation de Rami Malek et la puissance de la réalisation réussissent à nous faire croire, l’espace de deux heures, que nous sommes toujours en compagnie de Freddie Mercury. Et pour tous ceux qui l’ont connu ou auraient aimé le connaître, c’est inestimable.
“Bohemian Rhapsody” avec Rami Malek (Freddie Mercury), Lucy Boynton (Mary Austin), Gwilym Lee (Brian May), Ben Hardy (Roger Taylor), Joseph Mazzello (John Deacon), le 31 octobre au cinéma.
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