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Il ne s’était pas encore exprimé sur cette affaire qui fait couler beaucoup d’encre. Le prince héritier d’Arabie saoudite Mohammed ben Salmane a qualifié mercredi de « crime haineux » et d’« incident hideux » le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi au consulat en Turquie, affirmant que Riyad coopérait avec Ankara et que « la justice prévaudra ». S’exprimant lors d’un forum international sur l’investissement à Riyad, l’homme fort de l’Arabie saoudite a estimé qu’il n’y aurait « pas de rupture des liens avec la Turquie », dans ses premières déclarations publiques depuis la disparition, le 2 octobre, de Khashoggi, tué au consulat saoudien à Istanbul. « L’incident est très douloureux pour tous les Saoudiens. C’est un incident hideux et totalement injustifiable. » « Ceux qui sont derrière ce crime devront rendre des comptes […] et, à la fin, la justice prévaudra », a-t-il dit.
Plus tôt, la présidence turque avait indiqué que le président Recep Tayyip Erdogan et Mohammed ben Salmane avaient discuté mercredi des « efforts communs » à mettre en œuvre pour élucider le meurtre de Khashoggi, un journaliste critique du prince héritier, qui collaborait, entre autres, avec le Washington Post. L’Arabie saoudite avait d’abord affirmé que Khashoggi était parti librement après s’être rendu au consulat pour des démarches administratives en vue de son mariage avec une Turque.
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La France prête à riposter
L’Arabie saoudite avait d’abord affirmé que Khashoggi était parti librement après s’être rendu au consulat pour des démarches administratives en vue de son mariage avec une Turque. Cependant, alors que la pression internationale montait, le royaume a admis samedi dernier qu’il était mort dans le consulat, évoquant un décès à la suite d’une « rixe ». Riyad a annoncé des arrestations et des limogeages, notamment à la tête des services de renseignements. Des responsables saoudiens ont affirmé que le prince Mohammed n’avait « pas été informé » de l’opération contre Khashoggi.
La France est prête à prendre des “sanctions internationales” contre “les coupables” du meurtre du journaliste et opposant saoudien Jamal Khashoggi, “en lien avec ses partenaires”, a annoncé l’Elysée mercredi soir après un entretien téléphonique entre le président Macron et le roi saoudien Salmane. Lors de cet entretien, le président français “a fait part de sa profonde indignation face à ce crime et demandé au roi que toute la lumière soit faite sur les circonstances ayant conduit à ce drame”, écrit l’Elysée dans un communiqué. Emmanuel Macron “a rappelé au souverain saoudien la priorité essentielle que constituait pour la France la défense de la liberté d’expression, de la liberté de presse et des libertés publiques. La France n’hésitera pas à prendre, en lien avec ses partenaires, des sanctions internationales contre les coupables”, poursuit le palais présidentiel.
Forum éclipsé
La presse turque a publié des détails macabres sur le meurtre du journaliste saoudien qui collaborait avec le Washington Post. Mais si les médias, ainsi que des responsables turcs anonymes, ont mis en cause Mohammed ben Salmane, Recep Tayyib Erdogan s’est jusqu’à présent gardé de l’accuser directement. Riyad a annoncé des arrestations et des limogeages, notamment au sommet des services de renseignements dans le cadre de cette affaire, et a affirmé que toutes les personnes impliquées dans ce meurtre rendraient des comptes.
C’est au deuxième jour du Future Investment Initiative (FII), boycotté par des dirigeants politiques et des chefs d’entreprise occidentaux après l’affaire Khashoggi, que le prince héritier s’est exprimé. Malgré des annonces, des concerts et des buffets, ce forum, qui s’achève jeudi, destiné à projeter à l’international le royaume pétrolier désertique comme une destination d’affaires lucrative, a été totalement éclipsé d’un point de vue économique par les retombées politiques du meurtre du journaliste. Les organisateurs saoudiens du FII se sont efforcés néanmoins de montrer que les affaires suivent leur cours normal, annonçant notamment 12 « méga-projets » d’une valeur de plus de 50 milliards de dollars (43 milliards d’euros), principalement dans les secteurs du pétrole, du gaz et des infrastructures.
« Ce n’est pas fini »
Dans une première mesure de rétorsion au meurtre, les États-Unis ont annoncé qu’ils allaient révoquer les visas de suspects, 21 Saoudiens qui n’ont plus le droit d’en demander un. Le Royaume-Uni leur a emboîté le pas, annonçant l’annulation de tout éventuel visa pour le Royaume-Uni détenu par les suspects de l’badbadinat de Khashoggi. Proche allié de Riyad, le président américain Donald Trump a estimé, mardi, que l’opération de dissimulation saoudienne, « l’une des pires de l’histoire », avait été un « fiasco total ».
Interrogé par le Wall Street Journal sur une éventuelle implication de MBS dans le meurtre de Jamal Khashoggi, il a rappelé que le prince héritier « est en charge » des affaires courantes en Arabie saoudite en ce moment. « Donc, si qui que ce soit avait pu être impliqué, ce serait lui. » En Turquie, l’agence de presse étatique turque Anadolu a affirmé que les autorités saoudiennes n’avaient pas autorisé les enquêteurs turcs à fouiller un puits situé dans le jardin du consulat, alors que le corps de Khashoggi, tué à l’âge de 59 ans, n’a toujours pas été retrouvé.
Les services de renseignements d’Ankara ont, en outre, partagé avec la directrice de la CIA, Gina Haspel, des éléments qualifiés de « preuves », selon le journal proche du pouvoir turc Sabah. Recep Tayyib Erdogan a affirmé que son pays était « déterminé à ne pas laisser ce crime être mis sous le tapis et à ne laisser personne, des commanditaires aux exécutants, échapper à la justice. Nous avons démêlé, démonté tout cela, pièce par pièce. Ce n’est pas fini. »
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