Pourquoi Trump s’est débarrassé de son “très loyal” ministre de la Justice Jeff Sessions



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Jeff Sessions, fidèle de la première heure de Donald Trump, n’est plus ministre de la Justice. Cet homme du président a été au cœur de tous les dossiers sensibles depuis son élection.

À l’heure du bilan de ses presque deux ans comme Ministre de la justice dans l’administration Trump, Jeff Sessions retient deux choses : sa lutte contre les opioïdes et la lutte contre les “gangs” à la frontière entre le Mexique et les États-Unis. C’est bien peu, ou peut-être beaucoup, pour un homme qui s’est trouvé au coeur de toutes les affaires politiques et judiciaires qui ont marqué la première moitié du mandat de Donald Trump à la Maison Blanche.

Dès le lendemain des élections de “midterms”, qui ont vu la Chambre des représentants retourner aux Démocrates, le président a demandé à son ministre, fidèle de la première heure, sa démission. Donald Trump n’a jamais pardonné au premier sénateur républicain à l’avoir soutenu en février 2016, lors des primaires du parti, de s’être récusé concernant “l’enquête russe” : l’investigation menée par l’équipe du procureur spécial Mueller sur les liens entre la campagne de Donald Trump et les autorités russes.

Le spectre des liens avec la Russie

Jeff Sessions sera remplacé provisoirement par son directeur de Cabinet, Matthew G. Whitaker, un Trumpiste notoire.

We are pleased to announce that Matthew G. Whitaker, Chief of Staff to Attorney General Jeff Sessions at the Department of Justice, will become our new Acting Attorney General of the United States. He will serve our Country well….

— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) November 7, 2018

“L’équipe que nous avons bademblée a répondu à votre directive de constituer un Ministère de la justice représentant la loi et l’ordre”

Malgré l’affaire russe, Jeff Sessions, sénateur ultra-conservateur de l’Alabama depuis 1996, était un fidèle parmi les fidèles de Donald Trump – même lorsque celui-ci l’a désavoué. “Le président ne pouvait guère trouver meilleur défenseur de sa politique […] Il [Jeff Sessions. Ndlr.] restera dans les mémoires comme celui étant resté loyal à un président qui s’en est violemment pris à lui, alors même qu’il mettait en oeuvre les politiques controversées de manière de plus en plus agressive qu’aucun autre membre du cabinet”, badysait hier le Washington Post. Le Time décrivait, quant à lui, “l’aboutissement d’une relation toxique”.

L’agitation qui a saisi la Maison Blanche aux mois de septembre et octobre 2018 suite à la parution de Fear, le livre de Bob Woodward et d’un témoignage anonyme provenant du sommet de l’administration dans le New York Time, a déclenché la rupture définitive entre le président et son ministre. Donald Trump enjoignant “Jeff” d’“enquêter”, pour des raisons de “sécurité nationale”, sur ce témoignage. La relation entre les deux hommes, une fois au pouvoir, s’est construite, avant tout, autour de “l’affaire russe”.

Panique à la Maison Blanche

Dès le début de la campagne présidentielle, Jeff Sessions faisait partie, avec Rudy Giuliani (ancien maire de New York et depuis le désistement de Michael Cohen, l’avocat de Donald Trump), Chris Christie (ancien procureur fédéral) et Newt Gingrich (ancien président de la Chambre des représentants) des proches conseillers du candidat d’alors. Hostile à l’avortement et au mariage homobaduel, refusant la création de toutes procédures facilitant la régularisation des “sans-papiers”, il a apporté au milliardaire new-yorkais la caution conservatrice dont il avait besoin aux yeux de la branche radicale du Parti républicain.

Arrivé à la Maison Blanche, Donald Trump a récompensé la fidélité de Jeff Sessions en le nommant Ministre de la justice. Lors de son audition par le Congrès pour entrer en fonction, il fustigeait toutes allégations sur ses potentiels liens avec des contacts russes, les qualifiant de “mensonge détestable”. En mars 2017, Jeff Sessions reconnaissait, à la suite d’un article du Washington Post, avoir rencontré à deux reprises, au cours de la campagne, l’ambbadadeur russe à Washington. C’est alors qu’il a annoncé se récuser de toute enquête, “existante ou future”, sur cette affaire.

La déception du président

Le 23 janvier 2018, le New York Time confirmait que le Ministre de la justice était le premier membre de l’administration Trump à être interrogé par l’équipe du procureur général Mueller. À l’été 2017, le président avait déjà commencé à prendre ses distances : “Comment pouvez-vous accepter un poste et ensuite vous récuser? […] C’est extrêmement injuste, et je pèse mes mots, pour le président”, déclarait-il dans une interview au quotidien new-yorkais le 19 juillet. Si Sessions avait alors renouvelé sa fidélité au président, ce dernier affirmait encore, le 25 juillet, dans le Wall Street Journal, être “très déçu”.

Un an plus tard, à l’été 2018, lorsque Pierre Mannafort, directeur de la campagne de Donald Trump, était condamné et que Michael Cohen, l’avocat du président, impliquait directement le président  dans “l’affaire russe”, l’occupant de la Maison Blanche s’en prenait à nouveau à son ministre de la justice, l’accusant de ne pas suffisamment le protéger. “Les démocrates sont vraiment puissants au sein du ministère de la justice […] Jeff Sessions n’a jamais réellement pris le contrôle du ministère et c’est quelque chose d’badez incroyable”, déclarait-il dans une interview sur Fox News le 23 août. Atteignant un point de non-retour, le ministre de la justice avait alors répliqué : “les actes du ministère de la justice ne seront pas influencé indûment par des considérations politiques”.

À travers le parcours de Jeff Sessions comme Ministre de la justice de Donald Trump, on lit ce que furent deux ans de pratiques et d’actions politiques du président américain. Jeff Sessions fut en première ligne sur la question des migrants. Il a, à plusieurs reprises, saisi la Cour suprême pour qu’elle donne raison aux décrets anti-migrants (interdisant l’accès aux États-Unis des ressortissants de la Corée du Nord, de l’Iran, de la Libye, de la Somalie, de la Syrie, du Tchad et du Yémen) de Donald Trump et que plusieurs tribunaux d’état étaient réticents à appliquer.

L’homme du président

Plus encore, il est l’homme responsable, après Donald Trump, du drame des “Dreamers” (jeunes migrants séparés de leurs parents par l’administration Trump). En septembre encore, il déclarait que “la dernière administration [Obama. Ndlr.] a lancé le DACA sans mandat ni même une autorisation du Congrès ou de la justice ; cette administration peut de ce fait supprimer le DACA à n’importe quel moment” ; (le DACA, Action déferrée pour les arrivées d’enfants, est un programme d’aide aux jeunes migrants mis en place par l’administration Obama).

Sous pression constante de la Maison Blanche, Jeff Sessions, tout en remplissant son devoir de Ministre de la justice, a satisfait aux volontés de Donald Trump. Il a pressé l’enquête sur l’affaire Clinton (concernant l’utilisation d’une messagerie non sécurisée alors qu’elle était Ministre des affaires étrangères de Barack Obama), tout en en garantissant “qu’elle [l’enquête. Ndlr.] sera prise sans influence politique” ; il a lancé une offensive contre les fuites au sein de l’administration Trump, faisant arrêter le 4 août 2017, quatre hauts-fonctionnaires : “la culture de la fuite doit cesser. Aucun État ne saurait être efficace si ses dirigeants ne peuvent pas discuter sereinement d’affaires sensibles”, déclarait-il lors d’une conférence de presse.

Entre fidélité et respect des institutions

Dans une certaine mesure, sa mandature fut empreinte d’ambiguïté. Jeff Sessions est un conservateur radical, proche du Tea Party. Il a mené une politique de “tolérance zéro”, non seulement à l’égard des migrants et de leurs enfants, mais aussi à l’encontre des criminels et dans  la lutte contre la drogue, remplissant toujours plus des prisons américains déjà surpeuplées. Mais il a également rempli son rôle de Ministre de la justice, quitte à contredire directement Donald Trump.

L’épreuve de Charlottesville. 

En août 2017, les États-Unis sont traumatisés par les évènements de Charllotesville. Une femme, militante antifasciste, est tuée, écrasée par un suprémaciste blanc qui a jeté sa voiture sur la foule. À la fin de la journée, on dénombre 20 blessés. Médusés, les citoyens américains entendent Donald Trump le jour même condamner “ces démonstrations flagrante de haine, de sectarisme et de violence venant de diverses parties”. Deux jours plus tard, le lundi, le Ministre de la justice affirme que le tueur de 20 ans “répond aux critères de terrorisme intérieur selon le droit”. Il faudra attendre un mois pour que Donald Trump, sans revenir sur ses propos, condamne les suprémacistes blancs.

Le fidèle d’entre les fidèles, désavoué, clame, jusque dans sa lettre de démission, sa fidélité à la tâche que lui a confiée Donald Trump et à ses idées :

“Ce fut un honneur de servir en tant que ministre de la justice et d’avoir travaillé pour mettre en oeuvre l’agenda du maintien de l’ordre fondé sur les règles de la loi qui ont était au centre de votre [de Donald Trump] campagne pour la présidence.”

Des quatre hommes qui formaient, au début de la campagne présidentielle, les proches conseillers du futur président, Rudy Giuliani et Chris Christie, restés hors du gouvernement, sont deux potentiels successeurs au poste de Ministre de la justice. Newt Gingrich, resté à l’écart des fonctions politiques depuis 1996, continue de conseiller le président, intervenant régulièrement sur Fox News. Aux yeux de la revue libérale The Atlantic, il demeure, même en retrait relatif de la scène politique, celui qui a “transformé les batailles politiques en sport sanglant, détruit le Congrès et ouvert la voie pour l’avènement de Trump”.



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