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L’essentiel a été fait à Bruxelles. Tout reste à accomplir à Londres. Usant de l’effet de surprise, Downing Street a annoncé, mardi 13 novembre en milieu d’après-midi, la convocation d’une réunion extraordinaire du gouvernement le lendemain à 14 heures, « pour examiner le projet d’accord auquel les négociateurs sont parvenus à Bruxelles [sur le Brexit], et pour décider des étapes suivantes ». Quelques heures auparavant, une réunion badogue n’avait débouché sur aucune annonce, donnant l’impression d’un échec. Après vingt mois de négociations, le Royaume-Uni et les vingt-sept autres Etats de l’Union européenne (UE) se sont donc mis d’accord sur un « accord de retrait » consacrant le divorce qui doit intervenir le 29 mars 2019, après quarante-six ans d’adhésion à la Communauté économique européenne (CEE) devenue UE. Bruxelles n’a pas fait d’annonce officielle mais plusieurs sources y ont confirmé cet accord « technique ».
Le texte consacre une version du Brexit qui maintient Londres dans le giron de l’Union pendant des années et reporte à plus tard la question cruciale des relations économiques à long terme. Un Conseil européen spécial pourrait l’approuver le 25 novembre. Encore reste-t-il à le faire accepter politiquement, d’abord par le gouvernement conservateur de Theresa May, très divisé sur l’Europe, puis par les députés de la Chambre des communes. Pas question donc pour l’instant de coups de clairon de Bruxelles, pour ne pas renforcer l’impression que Londres se fait forcer la main.
« Le deal ou le chaos »
D’autant que la suite n’est pas écrite. La première épreuve, l’agrément du gouvernement, est prévue mercredi 14 novembre. Pour la préparer, les ministres ont été convoqués individuellement dès mardi soir au 10 Downing Street pour consulter le projet d’accord conclu, un document de quelque 400 pages. Pour chacun d’eux, un entretien en face-à-face avec Theresa May était aussi au programme. La première ministre, qui joue sa survie au gouvernement, devait les mettre devant un choix simple : ou bien cet accord négocié de haute lutte, ou bien, l’échec de la négociation, aux conséquences économiques catastrophiques pour le pays : « le deal ou le chaos ». L’annonce tardive de l’accord avait probablement pour but de laisser peu de temps de réaction aux membres du gouvernement tentés par la démission.
Cinq jours plus tôt, Jo Johnson, secrétaire d’Etat aux transports, proeuropéen, a claqué la porte du gouvernement en dénonçant un deal « qui place le pays dans une situation plus mauvaise [que l’appartenance à l’UE] et le prive de tout contrôle ». Son geste a mis en lumière la menace d’une coalition d’oppositions contradictoires contre Mme May parmi ses ministres : d’un côté les proeuropéens comme Jo Johnson qui considèrent que l’accord maintient Londres dans l’orbite de l’UE mais sans voix au chapitre ; de l’autre les brexiters qui dénoncent le maintien de liens forts avec l’Union alors qu’ils veulent larguer totalement les amarres.
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