Yémen : «Ces photos doivent servir d’électrochoc»



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Selon l’ONU, il s’agit de la pire crise humanitaire actuellement dans le monde. Au Yémen, le conflit entre des rebelles et les forces gouvernementales, appuyées par une coalition arabe conduite par l’Arabie saoudite, a déjà causé la mort de 10 000 personnes. Surtout, 14 millions d’habitants ont un besoin urgent d’aide alimentaire, soit la moitié de la population. L’UNICEF estime même que 80 enfants meurent chaque jour. Julien Dussart, en charge du Yémen chez Médecins du Monde, pousse un cri d’alarme.

Quels sont les risques les plus importants pour la population ?

JULIEN DUSSART. La crise la plus grave est nutritionnelle. Avant le conflit, 90 % des denrées alimentaires étaient importées, dont 70 % par la ville d’Hodeida, qui est aujourd’hui le front le plus intense. La malnutrition est aussi liée au manque d’accès à l’eau. Les cbadisations sont abîmées par les tranchées creusées par les belligérants. Or, cela augmente le risque d’épidémies et de maladies. Beaucoup de gens sont tellement affaiblis qu’une mauvaise diarrhée devient très dangereuse, voire fatale. La situation des enfants est extrêmement préoccupante et on craint que l’épidémie de choléra ne reprenne, alors qu’il y a déjà 1,1 million de cas suspects.

Comment avez-vous réagi aux photos d’enfants mourant de famine à la Une du New York Times fin octobre ?

On peut trouver que ces photos sont choquantes mais ça peut et ça doit servir d’électrochoc, notamment pour sensibiliser l’opinion publique. La guerre au Yémen se déroule à huis clos, presque sans images, donc ces photos ont permis d’illustrer la malnutrition et le risque de famine qui sont une réalité.

Qu’espérez-vous de la France et de la communauté internationale ?

Les grandes puissances doivent prendre leurs responsabilités et faire enfin pression sur l’Arabie saoudite, à qui la France doit arrêter de vendre des armes. L’badbadinat du journaliste Jamal Khashoggi a permis de faire la lumière sur le régime saoudien et par extension sur le Yémen. Il y a eu un léger changement de discours des États-Unis puis de la France, mais on attend des actes car la réponse militaire est un échec.

Comment intervenez-vous sur place ?

On essaie au maximum d’appuyer les structures déjà existantes car on se place dans une approche de long terme. On finance des initiatives et du personnel local et nos équipes logistiques et médicales viennent en appui. Mais il y a aussi des zones très conflictuelles où on n’a pas d’autre choix que d’intervenir avec nos propres cliniques mobiles. On livre aussi par avion ou par bateau des médicaments. Heureusement, ils peuvent encore échapper au blocus même si les autorités les bloquent parfois longuement.

Allez-vous renforcer votre dispositif ?

Oui, on est en train de s’étendre dans certaines zones du sud. On a envoyé du monde à Aden pour bâtir un bureau et recruter du personnel local. On se doit d’être le plus distant possible des différents camps mais, comme on était là avant le conflit, on a la chance d’être bien acceptés par la population. Par contre, il y a des zones où l’accès est beaucoup plus difficile, comme à la frontière avec l’Arabie saoudite. La situation est aussi très préoccupante au sud du pays car il y a des mouvements indépendantistes dangereux et cela pourrait dégénérer.



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