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C’est un incroyable exploit médical. Au Royaume-Uni, les colonnes vertébrales de deux bébés à naître atteints de spina bifida ont été réparées par des chirurgiens, alors que les enfants malades étaient encore dans le ventre de leur mère. Les deux opérations ont duré 90 minutes chacune, avec une équipe de 30 personnes. Depuis, les mères et les bébés se rétablissent bien.
Un défaut de fermeture de la partie arrière d’une ou plusieurs vertèbres
Le spina bifida est un défaut de fermeture de la partie arrière d’une ou plusieurs vertèbres, laissant à nu et sans protection le contenu de la colonne vertébrale (méninges, moelle épinière, racines nerveuses…). Une bosse se forme alors au bas du dos. La déficience en certains nutriments – en particulier l’acide folique (vitamine B9) et la méthionine – est une des raisons de la survenue de cette anomalie, dont l’origine reste pour grande partie mystérieuse. Les conséquences de cette exposition de la moelle épinière ou de ses annexes sont nombreuses. Le spina bifida peut provoquer :
– Une hydrocéphalie (et troubles cognitifs ou retard mentale badociés).
– Une paralysie musculaire.
– Une incontinence urinaire et fécale.
– Des troubles baduels.
– Une malformation et déformation des membres.
Une alternative à la chirurgie postnatale
“Opérer dans l’utérus implique d’ouvrir l’utérus, d’exposer le spina bifida sans accoucher, de fermer l’anomalie puis de réparer l’utérus pour laisser le bébé en sécurité à l’intérieur”, détaille Jan Deprest, chirurgien en chef du University College London Hospital (UCLH). “La fermeture du spina bifida dans l’utérus à l’aide de cette méthode est une alternative à la chirurgie postnatale et il a été démontré qu’elle améliore les résultats à court et à moyen terme”, ajoute-t-elle, notamment au niveau de la fonction motrice et du drainage du liquide du cerveau.
“Bien que ces interventions ne sont pas entièrement curatives, elles préviennent les lésions de la moelle épinière dans le dernier tiers de la grossesse”, se félicite-t-elle. L’opération a été rendue possible grâce à un financement caritatif de 450 000 livres.
Les cas de spina bifida augmentent en France
Les cas de spina bifida augmentent en France. Selon le registre en ligne EUROCAT, leur incidence est pbadée de 3,87/10 000 cas sur la décennie 1991 à 2000 à 5,77/10 000 cas sur la décennie suivante, soit plus de 450 cas par an. Des chiffres dont s’est récemment ému l’badociation française d’urologie.
“Les troubles sont très variables. Ils dépendent du degré de l’atteinte nerveuse et du niveau du spina”, précise le Pr Xavier Gamé, urologue à l’hôpital de Rangueil à Toulouse, membre du comité de neuro-urologie de l’AFU et secrétaire général de l’AFU. Certains patients sont atteints de “spina bifida occulta” ou “fermés” : les arcs vertébraux sont mal soudés mais la moelle reste protégée par la colonne et par la peau, contrairement aux spina bifida “ouverts” (“spina bifida aperta”) qui laissent à nu du matériel nerveux.
Le spina bifida peut être détecté au sixième mois de grossesse. Dans 80% des cas, les médecins proposent une IVG. Si les parents la refusent, “ces troubles doivent être gérés dès la naissance, sinon ils conduisent à une dégradation rapide de l’appareil urinaire (vessie et rein)”, insiste Xavier Gamé. Les infections à répétition risquent d’entraîner une pyélonéphrite, elle-même à l’origine d’une altération de la fonction rénale. À terme, faute d’un traitement préventif bien conduit, le patient devient précocement insuffisant rénal et peut se retrouver en attente de transplantation dès l’âge de 20 ans. Des calculs (lithiase urinaire)peuvent également perturber le quotidien. Du côté de la vessie, la muqueuse, soumise à un état inflammatoire permanent, risque aussi de se cancériser (carcinomes urothéliaux, carcinomes épidermoïdes…).
Suicide chez l’adolescent
Un suivi urologique est donc indispensable. Si la vessie est rétentionniste, la solution consiste à sonder l’enfant régulièrement pour éviter que les urines s’accumulent et que l’organe se distende. “C’est fait au départ par les parents mais dès l’âge de 5 ou 6 ans, l’enfant peut apprendre à faire son autosondage”, explique le Pr Gamé. En parallèle, il faut traiter l’incontinence. Une échographie annuelle de rein et de la vessie doit également dépister d’éventuelles anomalies de structure, ainsi qu’une évaluation annuelle de la fonction rénale.
Enfin, une évaluation du fonctionnement de la vessie et du sphincter s’impose tous les 2 ans (bilan urodynamique). Ces troubles nécessitent parfois un suivi psychologique car ils peuvent être à l’origine de suicide chez l’adolescent. “La prise en charge d’un patient spina bifida est forcément pluridisciplinaire : pédiatrique, neuropédiatrique, urologique, psychologique, médecine physique et de réadaptation…. Il faut que tous les soins soient réalisés en concertation”, ajoute Xavier Gamé. À ce prix, les enfants atteints de spina bifida peuvent mener une vie presque normale avec une qualité de vie acceptable.
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