Pourquoi les médecins ne veulent pas que les pharmaciens prescrivent des médicaments



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“Il s’agit là d’une remise en cause complète des contours de métier : cela revient à donner au pharmacien la responsabilité d’un diagnostic médical et d’une prescription de médicaments habituellement prescrits par le médecin.” Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF, premier syndicat chez les médecins libéraux, est furieux. Comme l’ensemble des syndicalistes, il étrille, dans notre émission “Univers Médecins”, l’adoption par les députés d’un amendement au projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) prévoyant d’expérimenter la délivrance sans ordonnance par les pharmaciens de médicaments à prescription médicale obligatoire.

Cystite, conjonctivite ou eczéma

Pourtant, l’idée, qui vise à remédier aux problèmes d’accès aux soins que connaissent les Français, a de quoi séduire. Des soucis de santé “mineurs” comme la cystite (infection urinaire), la conjonctivite ou l’eczéma, cités par la députée Delphine Bagarry (LRM, Alpes-de-Haute-Provence), pourraient ainsi être plus vite réglés. La récente attribution aux pharmaciens du droit de vacciner contre la grippe s’est d’ailleurs faite dans la même optique.

“Ce sont des demandes quasi quotidiennes”, explique au Monde Carine Wolf-Thal, la présidente de l’Ordre des pharmaciens, favorable à l’amendement polémique. “Je comprends l’inquiétude des médecins”, poursuit-elle. “L’idée n’est pas de faire sans eux, mais de sécuriser ce que les pharmaciens peuvent faire. A un moment, il faut être pragmatique par rapport aux problèmes d’accès aux soins que vivent les Français.”

Des garde-fous

D’autant qu’il y aurait des garde-fous. Pour prescrire les médicaments en question, les pharmaciens pourront s’appuyer sur un “arbre décisionnel” élaboré avec des médecins. Par ailleurs, les médicaments délivrés par les pharmaciens seraient précisément définis par arrêté ministériel. Reste que “les évolutions nécessaires de notre système de santé, qui doivent permettre une meilleure coordination des acteurs, ne doivent pas se traduire par des expérimentations aussi dangereuses pour le patient”, insiste Jean-Paul Ortiz.

Pour reprendre l’exemple de l’infection urinaire cité plus haut, “une cystite peut par exemple cacher un début d’infection du rein ou un calcul enclavé”, argumente Jean-Paul Hamon, président de la Fédération des médecins de France. Les infections urinaires à répétition nécessitent aussi un suivi. Les soigner systématiquement à coup d’antibiotiques peut par exemple, à terme, affaiblir les défenses immunitaires de la patiente.

Deux régions tests

Comme pour le vaccin contre la grippe, l’expérience serait d’abord testée pendant trois ans à l’échelle de deux régions, et ce à partir du 1er janvier 2019. Cette mesure peut encore être supprimée lors de l’examen du PLFSS au Sénat.

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