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- Ce bras robotisé permet de couper au demi-millimètre près.
- Il empêche également de sortir de la zone sur laquelle le chirurgien opère, ce qui est un gage de sécurité.
- La pose de prothèses de genou devrait exploser en France d’ici à 2030.
La clinique Tivoli Ducos à Bordeaux, est la première en France à s’être dotée du
bras robotisé Mako pour la pose de prothèse de genou, totale ou partielle. Depuis septembre, ce robot sert cinq chirurgiens du groupe Saint-Gatien, qui comprend la clinique Tivoli, mais aussi celle de Bordeaux Tondu, et Sainte-Anne à Langon. 20 Minutes a rencontré les Dr Nicolas Pommier et Valérie Lafontan, chirurgiens orthopédiques.
Valérie Lafontan prévient d’emblée : « la clinique, ce n’est pas Lourdes non plus ; un patient qui arrive en fauteuil roulant ne repartira pas en courant trois jours après, robot ou pas. » Cela dit, les avantages du robot sont nombreux.
« Une précision de l’ordre de moins d’un degré »
D’abord, il est plus précis. « Il nous permet dans un premier temps de scanner et modéliser en 3D le genou du patient, explique Nicolas Pommier. On peut ainsi déterminer la taille de l’implant, pour s’adapter à la morphologie du patient. Ensuite, des capteurs sont installés permettant d’avoir des informations en temps réel, pendant l’opération, sur le genou, et notamment de voir la rétraction des tissus. En modifiant de quelques degrés la position de l’implant on arrive à une harmonie parfaite de la pose, ce qui est déterminant pour la durée de vie de la prothèse. »
« Le chirurgien sait ce qu’il doit faire et ce qu’il veut faire, mais entre ce souhait et la réalité, il peut y avoir des petites différences » poursuit Nicolas Pommier. « Il suffit que l’os du patient soit un peu dur, parce que très atrhosique, pour que la lame de scie remonte un tout petit peu en fin de course. On peut perdre ainsi un degré de précision. Ce n’est pas grand-chose, mais ce n’est pas exactement ce qu’on voulait faire. Avec la robotique, la précision est de l’ordre de moins d’un degré. » « Il remplace le guide de coupe traditionnel et permet de couper exactement au demi-millimètre près ce que l’on a prévu » résume Valérie Lafontan.
« Impossible de sectionner un ligament ou une artère »
Le bras robotisé Mako est aussi un gage de sécurité. « On a une fenêtre dans laquelle on travaille, et on ne peut pas aller au-delà » détaille Valérie Lafontan. « Ainsi, impossible de sectionner un ligament ou une artère. » « On parle bien de bras robotique et pas de robot, insiste Nicolas Pommier : le chirurgien tient le bras du robot sur lequel est fixée la scie, et ce bras lui permet d’accéder à la zone à couper pour venir mettre l’implant, en empêchant de sortir de la zone thérapeutique. Ainsi, on ne regarde même plus le genou pendant l’intervention, mais l’écran. C’est bluffant. »
Par ailleurs, « en ne mettant plus d’écarteur ni de guide de coupe, on tire moins sur les parties molles, et au final et il y aura moins de douleurs et moins de saignement » ajoute Valérie Lafontan. Ce qui permettra une récupération plus rapide pour le patient.
Compter 350 à 400 euros de plus que pour une intervention conventionnelle
Plus de précision, moins de risque. Une récupération plus rapide. Tout cela a un coût : compter 350 à 400 euros de plus par rapport à une intervention en chirurgie conventionnelle. Si, pour les deux chirurgiens, « on vise l’excellence » avec ce robot, « on opère très correctement le genou avec les méthodes conventionnelles » insiste Nicolas Pommier.
Robot ou pas, tous deux insistent surtout sur les récents progrès réalisés grâce à la RRAC (Récupération Rapide Après Chirurgie), mise en place également à la clinique Tivoli. « Il s’agit de la gestion du patient qui va faire en sorte qu’on peut lui redonner une réhabilitation plus rapide après l’intervention, explique Nicolas Pommier. Il y a quelques années, un patient opéré d’une prothèse de genou restait hospitalisé une semaine, et il commençait à plier le genou au bout de quatre jours. La RRAC a permis de faire un bond en la matière. Cela pbade par un management du patient avant l’intervention, et tout un tas de systèmes : on travaille sans garrot pour ne pas comprimer le muscle, on fait des infiltrations dans le genou dès le départ… Avec ces procédés, on arrive à lever les patients le soir même, et avoir des durées de séjour plus courtes. »
L’arthrose du genou « va devenir un sujet de santé publique »
La pose de prothèses partielles se fait même entièrement en ambulatoire désormais. Pour les prothèses totales, « cela se fait à 30 % en ambulatoire, et avec une hospitalisation d’une nuit pour les autres. Et ils marchent tous le soir même. »
En 2016, 80.000 prothèses de genou ont été implantées en France, un chiffre qui devrait progresser de… 600 % d’ici à 2030. En cause dans 90 % des cas :
l’arthrose du genou, « qui va devenir un sujet de santé publique » annonce Nicolas Pommier. Vieillissement de la population, obésité et augmentation des activités physiques à risque traumatique pour le genou sont en cause. « Et puis, on traite plus facilement l’arthrose et de façon plus précoce. Aujourd’hui, on essaye de sauver les ménisques en tentant de les réparer, ce qui est plus complexe que de les enlever » ajoute Nicolas Pommier.
Si on peut espérer rester sportif avec une prothèse du genou, on privilégiera néanmoins le vélo et la natation, plutôt que le foot et le parachute. « Ce qui est très clair en revanche, insiste Virginie Lafontan, c’est que ce n’est pas une intervention miracle qui va redonner au patient ses 20 ans, surtout s’il ne faisait plus aucune activité physique depuis des années… Là, c’est non. »
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