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On va revenir à l’ère pré-antibiotique. En 2014, un rapport sur la résistance aux antibiotiques prédisait que d’ici 2050, les infections résistantes aux antimicrobiens pourraient devenir la principale cause de décès dans le monde.
Récemment, une nouvelle étude publiée dans la revue The Lancet Infectious Diseases émettait un constat tout aussi alarmant. Parmi les victimes, une majorité d’enfants de moins de 12 ans, ainsi que de personnes âgées de 65 ans et plus.
Ces chiffres sont en forte augmentation. Certaines des bactéries résistantes étudiées ont fait entre trois et six fois plus de victimes en 2015 qu’en 2007, selon l’étude.
Un accroissement surtout lié aux médecins
La sur-prescription et la surconsommation d’antibiotiques serait bien à l’origine de ces décès. En 2015 sur le total des 670 000 infections par bactéries multirésistantes, près de 75% ont été contractées en milieu hospitalier. La surconsommation d’antibiotiques est un des principaux facteurs d’apparition de gènes résistants chez les bactéries pathogènes. Ces gènes peuvent apparaître par mutation en présence de l’antibiotique, mais surtout par échange de gènes avec d’autres bactéries, y compris des bactéries normalement présentes naturellement dans l’organisme, et qui auraient développé ces résistances.
Une réduction de la consommation des antibiotiques dans les infections courantes, qui sont souvent virales, est donc nécessaire. Des recommandations et des politiques récentes essayent de contenir ce phénomène, mais il y faut prévoir d’autres solutions.
La recherche est nécessaire
D’autres solutions sont possibles et elles pbadent par le progrès médical : la mise au point de nouveaux antibiotiques est une solution toujours valide. De nouveaux antibiotiques sont encore développés malgré les difficultés, en témoigne, un nouvel antibiotique qui est efficace dans les gonococcies résistantes et dont les résultats préliminaires sont présentés dans le New England Journal of Medicine.
Les autorités de santé américaines, conscientes du problème, on pbadé ce médicament dans la liste des procédures d’agrément rapide. Une bonne nouvelle pour une infection en constante augmentation dans le monde et dont les bactéries sont de plus en plus fréquemment résistantes. Mais il faut des solutions de financement pérennes.
La recherche doit être rentable
En effet, si on en est là c’est à cause des politiques « court-termistes », brutalement mises en place par les pouvoirs publiques au cours des 20 dernières années. Le principal objectif de ces politiques a été de réduire les dépenses de santé à tout prix : en réduisant le prix des antibiotiques en-dessous du seuil viabilité, la majeure partie de la recherche sur les antibiotiques s’est arrêtée d’un seul coup, ainsi que celle sur les anti-hypertenseurs d’ailleurs. Des laboratoires renommés dans les infections se sont tout aussi brutalement reconvertis dans le cancer car il est plus rentable et moins risqué de développer un anticancéreux qu’un nouvel antibiotique ou un nouvel antihypertenseur.
Développer un anticancéreux est moins long, les études portent sur moins de malades et tout est donc moins coûteux. Il y a moins de risques également, car il est malheureusement presque normal dans le cancer d’avoir des effets secondaires, voire des décès toxiques. Cela ne compromet donc pas forcément le remboursement et, cerise sur le gâteau, avec un niveau de prix qui est généralement élevé.
En troquant les remboursements des antibiotiques, qui sauvent des vies, contre ceux des anticancéreux, qui prolongent surtout les vies, les politiques « court-termistes » ont coupé les moyens de développer de nouveaux antibiotiques. De ce fait, ils ont incroyablement exposés les populations à des risques que l’on pouvait pourtant prévoir. L’époque n’est pas aux visionnaires, du moins dans le domaine de la lutte contre les infections.
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