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MAUVAIS RÊVE – Qu’ils soient prescrits sur ordonnance ou achetés en vente libre, les somnifères sont loin d’être de petites pilules magiques inoffensives. Dans un hors-série, le magazine 60 millions de consommateurs avertit sur leurs dangers, que ce soit la dépendance qu’ils entraînent ou leurs possibles effets secondaires.
– Charlotte Anglade
En France, une personne sur trois déclare mal ou ne pas badez dormir. Pour cause, nous avons perdu en cinquante ans 1h30 de sommeil par jour. Et pour tomber dans les bras de Morphée pour de bon, dix millions de Français ont recours aux somnifères. En vente libre ou sur ordonnance, ils sont pourtant bien loin d’être inoffensifs.
Dans son dernier hors-série à paraître en kiosque vendredi 9 novembre, 60 millions de consommateurs s’est penché avec l’aide de spécialistes sur la face cachée de ces substances, dont de nombreuses études affirment pourtant qu’elles sont à peine plus efficaces que les placebos.
Des effets secondaires non négligeables
Il existe actuellement sur le marché trois somnifères en vente libre : le Dornomyl, le Lidène et le Phénergan. Chacun peut entraîner des effets secondaires non négligeables. Le Dornomyl a par exemple un effet sédatif longue durée. Il faut environ dix heures pour que la concentration du produit dans le sang diminue de moitié, informe 60 millions de consommateurs. Les risques d’accidents dus à la somnolence diurne sont donc bien réels. Comme le Lidène, il peut exposer, plus rarement, à des troubles de la vision de près ou à des troubles digestifs (constipation). Le Phénergan, lui, peut induire des vertiges, une mauvaise coordination ou à une réaction allergique de type photosensibilisation.
Du côté des somnifères sur prescription, les effets secondaires sont là encore à prendre au sérieux. Ils peuvent aller de l’altération de la concentration au somnambulisme, en pbadant par des idées délirantes et de l’agressivité, voire des tentatives de suicide. La consommation d’alcool pendant la durée du traitement peut grandement empirer ces effets. Certaines études suggèrent d’autre part que ces médicaments pourraient être un facteur déclencheur de la maladie l’Alzheimer et de certains cancers.
Des dangers qui ont poussé l’Association d’aide aux victimes des accidents et maladies liés aux médicaments (AAA-VAM) à saisir la Haute Autorité de Santé (HAS) en 2016. A la suite de quoi la HAS et l’ANSM ont proposé au ministère de la Santé un plan d’action sur le bon usage des benzodiazépines (l’une des principales substances utilisées dans les somnifères), destiné aux professionnels de santé et au grand public, dont une campagne de communication ou encore la limitation des durées de prescription.
Une dépendance qui arrive au galop
Quel que soit le type de somnifère, 60 millions de consommateurs note qu’ils sont systématiquement consommés sur une durée beaucoup plus longue que conseillée. Normalement, les somnifères sur ordonnance sont prescrits pour une durée maximale d’un mois. Ils sont en réalité pris, en moyenne, sur sept mois. La prise de somnifères en vente libre, elle, ne devrait pas excéder quinze jours alors mais celle-ci atteint en fait environ six mois. Un danger alors que la dépendance physique ou psychique arrive très vite : au bout d’un mois seulement. Difficile, alors, de se défaire de cette addiction. “Quand ils ne prennent pas leur cachet avant d’aller se coucher, l’arrêt brutal du traitement provoque un syndrome de manque. Les syndromes d’insomnie sont décuplés et s’accompagnent de crises d’anxiété, de maux de tête, de cauchemars… et parfois même de convulsions et d’hallucinations”, décrit le magazine. Ainsi, pour un traitement de quelques mois, un sevrage d’un an, avec l’aide d’un médecin, peut être nécessaire.
La mélatonine, une substance à ne pas prendre à la légère
Encore peu présente il y a quelques années en France, la mélatonine, dont la mode arrive tout droit des Etats-Unis, s’est aujourd’hui fait une large place dans les rayons des pharmacies. Cette hormone qui intervient pour la régulation du rythme biologique et synthétisée sous forme de complément alimentaire ou de médicament, est très prisée des insomniaques ou des personnes souhaitant se remettre rapidement d’un décalage horaire. Or, précise 60 millions de consommateurs, la prise de mélatonine, que l’on sécrète naturellement jusqu’à l’âge de 55 ans, ne serait efficace et utile qu’à partir de cet âge-là. Une personne moins âgée risque tout simplement de dérégler son cycle et d’empirer ses problèmes de sommeil.
L’autre problème pointé par le magazine et par la revue Prescrire est celui du dosage. La mélatonine est en effet conseillée comme un médicament à partir d’un dosage de 2 milligrammes par prise. Or, nombreux sont les compléments alimentaires à en contenir 1,9 mg. Une quantité presque similaire qui peut induire les mêmes effets secondaires, sans le suivi médical du médicament : syncopes, somnolences, maux de tête, convulsions ou encore divers types d’éruptions cutanées et des troubles digestifs.
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