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Les somnifères ne sont pas si efficaces et sont une source d’importants effets indésirables, rappelle 60 Millions de Consommateurs le 8 novembre 2018. La plupart des médicaments et produits indiqués pour traiter l’insomnie n’ont en effet démontré un effet que lors d’une prise très courte (moins d’un mois), délai au-delà duquel les effets secondaires peuvent prendre le pas sur les bénéfices.
45 % des Français âgés de 25 à 45 ans considèrent qu’ils dorment moins que ce dont ils ont besoin, d’après Santé Publique France. L’insomnie peut causer fatigue, détresse, troubles du fonctionnement diurne et une réduction de la qualité de vie. Aucun traitement n’est indiqué contre l’insomnie chronique, rappelle la Haute Autorité de Santé (HAS) dans ses dernières recommandations de bonne pratique. Quant à la prise en charge des “insomnies occasionnelles et transitoires“, elle repose “surtout sur des mesures non médicamenteuses (respect des règles élémentaires d’hygiène de vie et du sommeil, soutien psychologique, techniques cognitivo-comportementales)“. Ainsi, “un traitement médicamenteux n’est en principe pas recommandé sauf si l’insomnie survient de manière prévisible (insomnie occasionnelle lors d’un voyage par exemple)” ou “transitoire“, par exemple “lors de la survenue d’un événement très perturbant“. Dans ces cas-là, un traitement peut être respectivement prescrit “pour 2 ou 3 nuits seulement“, ou “2 à 4 semaines maximum“. Les principaux traitements sont les benzodiazépines et molécules apparentées, des anxiolytiques appelés “hypnotiques” (sur prescription). Dans certains cas, les médecins se tournent vers les antidépresseurs sédatifs, qui ne produisent pas de dépendance, ou des antihistaminiques H1 dont certains sont en vente libre. Enfin, des produits de phytothérapie ou à base de mélatonine sont disponibles en pharmacie, affichant des allégations contre l’insomnie.
Benzodiazépines / hypnotiques : efficacité limitée, risque de dépendance et somnolence au volant
Du côté des benzodiazépines ou molécules apparentées, tels que le Nuctalon (estazolam), le Noctamide (lormétazépam) ou encore le Stilnox (zolpidem), les médecins et les autorités de santé savent depuis bien longtemps qu’ils ne doivent être prescrits qu’avec parcimonie et sur une très courte période de temps. Le traitement ne doit ainsi pas excéder un mois en comptant la période de diminution progressive de dose, afin d’éviter de créer une dépendance chez le patient. Or, d’après l’ANSM, 35% des premiers traitements aux benzodiazépines durent plus de 28 jours, et 10% plus de 3 mois. Des durées qui inversent le rapport bénéfice/risque de ces produits, puisque leur efficacité “a été essentiellement évaluée sur de courtes périodes (entre une nuit et 6 semaines)“, d’après la HAS, tandis que “le maintien d’une efficacité à plus long terme n’a pas été démontré“. Or, même lors du premier mois de prise, “la quantité d’effet est faible, de l’ordre d’une heure de sommeil gagnée par nuit”. De plus, l’effet finit par s’estomper à mesure que les patients deviennent tolérants à l’action du médicament et seront alors tentés de prendre une plus grande quantité pour obtenir le même effet. Pire, ces médicaments induisent un “effet rebond” : le sommeil peut être de plus mauvaise qualité qu’avant de les prendre s’ils sont arrêtés trop brusquement ou après une trop longue prise.
Parmi les effets indésirables, les somnolences sont les plus fréquents. Ainsi, 23% des effets indésirables graves déclarés avec les benzodiazépines sont des affections du système nerveux : somnolence, comas, convulsions voire, plus rarement, amnésies. D’après l’ANSM, “la consommation de benzodiazépines expose également à une augmentation (…) De 60 à 80% du risque d’accidents de la route, ce risque étant multiplié par 8 en cas de consommation concomitante avec de l’alcool“. Ainsi, ils sont clbadés comme présentant une incompatibilité majeure avec la conduite depuis mai 2017.
Antihistaminiques : des effets modérés sur le court terme
Certains antihistaminiques sédatifs dits de type H1 peuvent avoir un intérêt en cas d’échec des mesures comportementales et des benzodiazépines, notamment pour se défaire de la dépendance à ces dernières. Le Phénergan (prométhazine) ou encore le Donormyl (doxylamine) font partie de cette catégorie. “Les antihistaminiques n’ont qu’une efficacité faible à modérée dans le traitement de l’insomnie”, tempèrent cependant les recommandations européennes, d’autant que le corps s’accoutume “rapidement” à ces substances, qui perdent alors leur effet. De plus, les antihistaminiques peuvent provoquer sensations de vertige, sécheresse de la bouche et troubles de la concentration. Enfin, “des études ont montré que ces médicaments étaient pris sur des durées beaucoup trop longues : plus de six mois au lieu des cinq jours indiqués“, explique 60 Millions de Consommateurs.
Antidépresseurs : utiles à court terme, avec des effets secondaires potentiellement dissuasifs
Les antidépresseurs sédatifs, également beaucoup utilisés contre l’insomnie, “bien qu’ils ne soient pas homologués pour cette utilisation et que les preuves de leur efficacité ne soient pas définitives“, expliquent les auteurs d’une récente revue des connaissances disponibles dans la revue Cochrane. Cet usage important des antidépresseurs en dehors de leur indication initiale “pourrait être lié aux inquiétudes vis-à-vis des médicaments hypnotiques” et leurs effets indésirables. Ces médicaments “sont efficaces dans le traitement à court terme de l’insomnie“, d’après les recommandations européennes, mais pas “à long terme (…) en raison du manque de preuves et du risque d’effets secondaires“. Car les antidépresseurs peuvent entraîner des levées d’inhibition avec risque suicidaire, constipations, sueurs, ou encore prise de poids.
Phytothérapie et mélatonine : peu de preuves
Côté automédication, la phytothérapie (valériane, tilleul, pbadiflore…) et la mélatonine (hormone de l’endormissement) sont disponibles en pharmacie. Cependant, il existe pour l’instant peu de preuves de leur efficacité, qui reste controversée. Selon l’Anses (agence de sécurité sanitaire), la mélatonine peut “atténuer l’effet du décalage horaire” ou “réduire le temps d’endormissement”. Mais ça n’est pas sans risque. Ainsi, l’agence avait reçu 90 signalements d’effets indésirables (gastro entérologiques, neurologiques et généraux) de 2009 à mai 2017 suite à la prise de compléments alimentaires à base de mélatonine. Des données qui l’avaient conduite à déconseiller ces produits à différentes catégories personnes, notamment les asthmatiques, les femmes enceintes et allaitantes, les enfants, ou encore les personnes devant réaliser une activité nécessitant une vigilance soutenue. Du côté des recommandations européennes, le niveau de preuves est jugé insuffisant pour pouvoir recommander la phytothérapie comme la mélatonine.
QUE FAIRE EN CAS D’INSOMNIE ? Avant de se tourner vers des traitements médicamenteux, des règles d’hygiène de vie peuvent être plus sûres à mettre en place.
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