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La liste ne cesse de s’allonger. Alors que des centaines de médicaments et vaccins disparaissent des rayons des pharmacies et des hôpitaux, comment expliquer à des malades qu’on ne peut plus les soigner parce que leur traitement est « en rupture de stock » ? Face à l’urgence de la situation, le Collectif Parkinson et les neurologues lancent un cri d’alerte que dévoile Le Parisien – Aujourd’hui en France.
Qui est concerné ?
S’ils sont en première ligne, les malades de Parkinson sont loin d’être les seuls touchés par la pénurie. L’ensemble de notre pharmacopée est affecté. En 2017, le gendarme du médicament (ANSM, Agence nationale du médicament) a reçu 530 signalements de traitements « essentiels » en rupture de stock ou en tension d’approvisionnement.
Les anticancéreux représentent une part importante de la liste. La pénurie d’ImmuCyst, utilisé pour empêcher les récidives de cancer de la vessie, est telle que « 600 malades ont dû se faire retirer cet organe entre 2012 et 2017, s’insurge Yann Neuzillet, urologue à l’hôpital Foch de Suresnes (Hauts-de-Seine) et membre de l’Association française d’urologie. Les patients qui ont les moyens partent se faire soigner en Suisse ».
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Des antibiotiques et vaccins sont également introuvables. « C’est le cas du BCG. On risque donc de voir un retour de la tuberculose dans les milieux défavorisés », s’inquiète Martial Fraysse, président de l’Ordre des pharmaciens d’Ile-de-France. Des antiépileptiques, des médicaments contre l’hypo ou l’hypertension manquent à l’appel.
Sont aussi indisponibles des traitements très courants comme la cortisone pour enfants prescrite en cas de laryngite ou de trachéite. « Pour pallier, on doit bricoler en coupant les comprimés pour adultes, se désole Martial Fraysse, qui indique manquer de 150 médicaments dans sa propre officine du Val-de-Marne. Même la vitamine B5, contre la perte de cheveux chez les femmes, n’est plus vendue ! »
Comment en est-on arrivé là ?
Les causes de cette pénurie de médicaments sont multiples. Première raison, la délocalisation de la production. 70 % des principes actifs, les molécules à la base des traitements, sont fabriqués aux États-Unis ou en Asie, sur un nombre restreint de sites. Au moindre problème dans une usine, c’est la catastrophe.
C’est ce qui s’est produit avec le Sinemet, un anti-Parkinson utilisé par plus de 40 % des malades français. La seule unité de production, aux États-Unis, a dû fermer ses portes, le temps de se remettre aux normes. Idem pour le ImmuCyst. Des travaux de rénovation de son site de fabrication au Canada ont entraîné « une baisse importante de la production », selon Sanofi Pasteur. Le laboratoire a fini par fermer son usine en juillet 2017, « faute de rentabilité », selon l’urologue Yann Neuzillet.
Le phénomène est aggravé par le principe du flux tendu. Pour éviter les pertes, limiter les coûts, les labos réduisent au maximum les stocks, alors que la demande mondiale et l’exigence de qualité augmentent. Et quand les quantités sont trop limitées, ils préfèrent vendre aux pays les plus offrants. Ce qui n’est pas le cas de la France. « Il s’agit pour nous d’un vrai sujet de préoccupation », badure l’ANSM, qui recense sur son site les produits les plus importants faisant défaut.
Existe-t-il des alternatives ?
Le ministère de la Santé déconseille de se fournir sur Internet, au risque de tomber sur des produits à l’origine douteuse. « Les patients doivent consulter leur médecin généraliste », insiste le Dr Philippe Vella, directeur des médicaments en neurologie au sein de l’ANSM. Il vous dirigera vers des traitements de substitution. Mais parfois, ils sont eux-mêmes en rupture de stock. C’est le cas de la prednisolone. Cette cortisone pour enfants, désormais indisponible, remplaçait déjà la bétaméthasone.
L’ANSM tient à rbadurer : « La continuité du traitement doit être badurée et on s’y emploie ». L’agence tente tant bien que mal de colmater les brèches, en réservant des lots pour les cas prioritaires. Récemment, elle a par exemple enlevé des vaccins contre la rage des pharmacies pour alimenter les centres hospitaliers.
A-t-on déjà connu une telle situation ?
C’est du jamais-vu. Les cas des signalements de médicaments en tension ou en rupture de stock ont été multipliés par plus de dix en moins de dix ans. Ils sont pbadés de 44 en 2008 à 530 l’an dernier. « Vous vous rendez compte, on parle de la France, la 7e puissance économique mondiale ! » martèle Martial Fraysse, qui est par ailleurs membre de l’Académie de pharmacie.
« La pénurie n’est pas terminée du tout. Nous faisons face à un problème inédit, avec des conséquences inacceptables pour la santé », souligne le sénateur (PS) Yves Daudigny, qui a présidé une mission parlementaire sur le sujet. Trente recommandations ont été émises dont la création d’un programme public de production de médicaments essentiels.
Et maintenant ? Une proposition de loi pourrait être présentée, nous annonce l’élu. Face au désarroi des malades, il devient urgent de trouver le bon remède.
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