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Depuis 2008, le nombre de médicaments concernés par des ruptures ou des problèmes d’approvisionnement a été multiplié par au moins dix.
Traitement de la maladie de Parkinson, anticancéreux, vaccins… La pénurie concerne plusieurs centaines de médicaments, dont beaucoup sont indispensables aux patients. Dans une tribune publiée par Le Parisien, le 28 octobre, des badociations de malades de Parkinson et des neurologues lancent un “cri d’alerte”. Ils réclament “un plan d’action urgent”. Et les malades de Parkinson ne sont pas les seuls concernés. On vous explique cette pénurie.
Quels médicaments sont concernés ?
En 2017, l’Agence nationale du médicament a reçu 530 signalements de rupture de stocks ou de difficulté d’approvisionnement pour des traitements considérés comme essentiels. En septembre 2018, l’Ordre des pharmaciens dénombrait 431 médicaments en rupture d’approvisionnement, dont 14 vaccins. L’Ordre estime qu’il y a une rupture d’approvisionnement chaque fois qu’une pharmacie d’officine ou une pharmacie d’un établissement de santé “est dans l’incapacité de dispenser un médicament à un patient dans un délai de 72 heures”.
C’est une pénurie de Sinemet, médicament de base dans le traitement de la maladie de Parkinson, qui a poussé un collectif d’badociations de patients à lancer un cri d’alerte. Mais les malades de Parkinson manquent aussi de Mantadix. Plusieurs anticancéreux font également défaut : Immucyst et Amétycine (traitements des cancers de la vessie), Aracytine et Fludarabine (leucémie), Fluorouracile (cancers colorectaux), Hexastat (cancer des ovaires)…
Des vaccins courants sont également touchés par les ruptures et tensions d’approvisionnement : DT Vax (diphtérie et tétanos), Imovax (polio), Menveo et Nimenrix (méningocoque), Ticovac (encéphalite à tiques) et vaccin BCG (tuberculose), par exemple. Antibiotiques, antiépiléptiques, anesthésiants, cortisone pour enfants, traitements de l’hypotension et de l’hypertension… L’Agence du médicament met en ligne une liste régulièrement actualisée des produits concernés.
Comment expliquer cette pénurie ?
Entre 2008 et 2018, le nombre de médicaments signalés comme manquants a été multiplié par au moins dix, selon les données de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Pourquoi ces problèmes sont-ils plus récurrents ? L’agence évoque d’abord des “difficultés liées à la production”, qui ont elles-mêmes plusieurs causes : “retard de fabrication, incident de production, capacité de production insuffisante”. Les difficultés d’approvisionnement en matière première seraient par exemple responsables de 17 % des ruptures de stocks.
La “mondialisation de la fabrication et de la demande” est aussi pointée du doigt, car elle a engendré des délocalisations mbadives et une forte concentration de la production sur un petit nombre de sites. “70 % des principes actifs, les molécules à la base des traitements, sont fabriqués aux Etats-Unis ou en Asie, sur un nombre restreint de sites. Au moindre problème dans une usine, c’est la catastrophe”, résume Le Parisien. Aux Etats-Unis, la seule unité de production du Sinemet, médicament anti-Parkinson, “a dû fermer ses portes, le temps de se remettre aux normes”, ajoute le quotidien.
Les vaccins rencontrent un autre problème, lié à leur principe même, selon Allodocteurs. “Le vaccin est un produit biologique, conçu à partir de virus ou de bactéries, une matière première vivante qui expose à certains aléas, explique le site spécialisé. Par exemple, quand on fait pousser des souches de virus, le rendement n’est pas toujours au rendez-vous.” Le temps de fabrication (18 à 24 mois pour la plupart des vaccins) et les précautions nécessaires ajoutent une difficulté : “Quand il y a un manque de vaccins, on ne peut donc pas y répondre du jour au lendemain.”
Les laboratoires sont également responsables lorsqu’ils font le choix de produire en flux tendu, pour des raisons économiques. “Pour éviter les pertes et limiter les coûts, les labos réduisent au maximum les stocks, alors que la demande mondiale et l’exigence de qualité augmentent”, explique encore Le Parisien. Les industriels tendent par ailleurs à privilégier la distribution dans des marchés offrant les prix les plus élevés, ce qui n’est pas le cas de la France, et inversement à limiter, voire arrêter, la production de médicaments anciens parce qu’ils jugent leur prix trop faible.
Comment y remédier ?
L’Ordre des pharmaciens a mis en place une plateforme d’alerte appelée DP-Ruptures. Elle permet aux pharmacies de signaler automatiquement aux fabricants les médicaments indisponibles depuis plus de trois jours. Le système n’empêche pas les ruptures de stocks, mais il doit permettre de réduire la durée pendant laquelle les médicaments sont absents des réserves des pharmacies.
Un rapport du Sénat publié début octobre présentait par ailleurs 30 propositions pour prévenir les pénuries récurrentes de médicaments et vaccins en France. Le rapport recommandait par exemple de renforcer les moyens financiers des deux structures publiques susceptibles de produire des médicaments indispensables : la pharmacie centrale des armées et l’Agence générale des équipements et produits de santé (Ageps). Une solution à laquelle la Suisse a déjà recours, mais que certains spécialistes jugent utopique, en raison des coûts considérables et de la difficulté de choisir les médicaments qu’il faut produire en priorité.
Les auteurs du rapport prônent une politique de la carotte et du bâton vis-à-vis de l’industrie pharmaceutique. D’un côté, des aides financières pour les entreprises pharmaceutiques qui s’engageraient à fabriquer en France certaines substances actives jugées essentielles. De l’autre, des sanctions en cas de manquement dans la mise en oeuvre de leurs plans de gestion des pénuries.
En attendant, que peuvent faire les patients ?
Mieux vaut éviter de chercher à acheter les médicaments manquants sur internet. Le risque de tomber sur des contrefaçons est trop grand. Les patients peuvent commencer par s’informer, auprès des pharmacies, afin de savoir si la rupture de stock est temporaire ou non. L’ANSM publie également des informations sur les médicaments en rupture de stock ou en situation de tension d’approvisionnement.
Médecins traitants et pharmaciens peuvent également chercher un traitement alternatif, avec des produits de substitution (mais il arrive qu’ils soient aussi concernés par la rupture d’approvisionnement).
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